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Évacuation des camps de migrants à Paris : l'association Utopia 56 dénonce "une opération de com" du gouvernement

1 606 migrants ont été évacués de deux campements situés au nord-est de Paris.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Yann Mazi (à droite), fondateur de l'association Utopia 56 en train de parler à un migrant, près de la porte de la Chapelle le 9 juin 2017. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Yann Manzi, fondateur de l’association Utopia 56 a dénoncé sur franceinfo jeudi 7 novembre "une opération de com" du gouvernement qui sert, selon lui, "la soupe à l'électorat du Rassemblement national". L'évacuation dans la matinée de deux campements de migrants, porte de la Chapelle près du périphérique parisien, a permis la mise à l'abri de 1 606 femmes et hommes dans 15 gymnases de la région parisienne, selon la préfecture. Les ONG et associations étaient présentes lors de ce démantelement.

franceinfo : Comment s'est déroulée l'évacution ?

Yann Manzi : On peut dire que ça a été relativement calme. Pour la énième fois, je crois que c'est le 59ème ou le 90ème démantèlement à Paris, je ne sais plus très bien compter. Ces gens sont encore partis dans des gymnases sans solution pérenne pour l'instant. On va bien sûr nous assurer que les familles, les femmes, les enfants qui sont sur les trottoirs de Paris depuis des mois vont être réellement pris en charge. On attend de voir la réalité de ce qui va se passer par la suite, c'est-à-dire la fermeté du gouvernement, le combat qui s'engage auprès de tous ces sans-papiers, auprès de tous ces gens qui sont sur notre territoire et qui sont laissés totalement à l'abandon.

Des migrants ont-ils pris la fuite avant le début de l'évacuation ?

À chaque fois, on fait des propositions et les solutions proposées ne sont pas adaptées pour tout le monde. On a toutes les personnes qui sont en procédure de Dublin, et qui ne peuvent donc pas faire une demande d'asile. Ils pourront en faire une dans le premier pays où ils ont laissé leurs empreintes. Tous ces gens-là savent très bien que le démantèlement et les propositions qui leur sont faites ne sont pas bonnes. Et donc, du coup, on sait très bien qu'il y a beaucoup de gens qui sont partis et qui vont se cacher. Comme l'annonce le préfet, ils ne vont pas laisser les camps se remonter. Ils vont donc mettre une pression policière comme à Calais depuis des mois et des années. Cela va devenir insupportable. Les gens vont rester là, par contre ils seront invisibilisés, cachés, donc repoussés encore plus loin aux portes de Paris.

Comment peut-on mettre fin à ces campements sauvages ?

C'est une opération de communication de nos gouvernements, selon laquelle la France et l'Europe sont envahies depuis 2015. L'Europe n'est pas envahie. 1 500 000 personnes au plus fort de cette vague, soi-disant "migratoire" sur 450 millions d'Européens. Les campements à Paris servent une communication qui permet à l'État d'appliquer les mesures gouvernementales de plus en plus dures auprès des populations. Comme ils le disent depuis des mois, ils ont peur de l'appel d'air. On accueille mal, comme ça, on va donner envie à moins de gens de venir. C'est tout simplement lamentable. C'est tout simplement les droits de l'Homme et des droits fondamentaux qui ne sont plus respectés dans nos pays.

Peut-on réellement laisser ces hommes et ces femmes vivre dans des camps ?

On peut accueillir dignement. La France n'est pas un pays pauvre, la France est un pays riche. Il y a une réelle volonté de laisser ces campements de façon à pouvoir servir la soupe à l'électorat du Rassemblement national. De dire : "Regardez ! Il y a trop de monde, il faut les évacuer, il faut renvoyer ces gens". N'oubliez pas une chose, c'est que la France et l'Europe ont besoin de centaines de milliers de gens qui vont venir travailler dans les années à venir chez nous. C'est un non-sens, de la politique politicienne pour aller chercher des voix de l'électorat du Rassemblement national et montrer qu'on est meilleurs que nos prédécesseurs. Et bien moi, je demande à voir parce que la réalité, c'est qu'on ne pourra pas renvoyer tout le monde, tout le monde le sait. C'est de la com' !

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