Condamnation de Cédric Herrou : "L’illégalité n’est pas du côté de ces militants de la solidarité"
Geneviève Jacques, présidente de l'association d'aide aux migrants Cimade, se dit scandalisée par la condamnation en appel de Cédric Herrou à quatre mois de prison avec sursis pour aide aux migrants.
L’agriculteur Cédric Herrou a été condamné en appel, mardi 8 août, à quatre mois de prison avec sursis pour aide aux migrants par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône. Cette décision scandalise Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, association d'aide aux migrants. L’illégalité "n’est pas du côté de ces militants de la solidarité que l’on essaie de criminaliser", mais du côté de l’État qui "bafoue" les droits fondamentaux, estime-t-elle sur franceinfo.
franceinfo : quelle est votre réaction à cette condamnation ?
Geneviève Jacques : Nous sommes scandalisés de voir que ce fameux délit de solidarité est bien à l’œuvre. La cour d’appel d’Aix-en-Provence prononce ce qu’elle appelle une peine d’avertissement. Cela ressemble à de l’acharnement contre une personne symbolique. Cédric Herrou a eu le tort de protéger des personnes et en plus de dénoncer ce scandale en lui donnant une visibilité. Il y a de plus en plus de militants et de citoyens solidaires derrière lui qui mettent en avant des valeurs telles que la défense de la dignité humaine et la défense des droits fondamentaux qui sont, en l'occurrence, bafouées par l’État.
L’illégalité n’est pas du côté de Cédric Herrou ?
Elle n’est pas où l'on pense. Elle n’est pas du côté de ces militants de la solidarité que l’on essaie de criminaliser. Elle est du côté de l’État à deux niveaux. Le premier est qu'il n’existe pas de possibilités pour les personnes qui se trouvent en France et qui veulent déposer une demande d’asile en France de le faire. Ils sont pourchassés et renvoyés en Italie sans avoir eu la possibilité de déposer une demande. D’autre part, et c’est peut être encore plus scandaleux, il se trouve parmi ces exilés qui viennent de vivre des parcours considérablement difficiles de la Libye à l’Italie, des mineurs et des enfants isolés. L’État français a la responsabilité de prendre en charge ces enfants qui sont en danger à cause de leur âge. Et là encore, rien n’est fait.
La justice a-t-elle voulu faire un exemple selon vous ?
Bien sûr. La justice veut faire un exemple, mais en fait elle apporte un contre-exemple aux citoyens. Loin de faire peur, de faire abandonner cette cause, il y a de plus en plus de personnes en France, en particulier à la frontière franco-italienne, qui sont décidées à ne pas lâcher car il en va des valeurs fondamentales. On parle beaucoup de Cédric Herrou, mais il existe des dizaines de citoyens et d’associations dans cette région qui se mobilisent comme c’est le cas à d’autres endroits en France. Nous disons au gouvernement qu’il se trompe de cible. Si l’on veut croire aux déclarations du président Macron disant qu’il n’y aura plus personnes dans les rues, il faut agir d’abord dans les endroits les plus critiques que sont la frontière franco-italienne, Calais et Paris. C’est là où on attend le test du sérieux des déclarations du président de la République.
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