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Centres de rétention pour migrants : les associations dénoncent une "banalisation de l'enfermement"

Les conditions de vie dans ces centres, où sont enfermés des étrangers que la France ne veut pas garder sur son territoire, se dégradent, selon le rapport annuel de plusieurs associations, dont la Cimade, présenté mardi.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un centre de rétention administrative au Mesnil-Amelot, le 6 mai 2019. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

En France, plus de 45 000 migrants ont été enfermés dans des centres ou des locaux de rétention administrative en 2018. Un chiffre stable par rapport à 2017, selon le rapport annuel de plusieurs associations, dont la Cimade, présenté mardi 4 juin. Les associations dénoncent une "banalisation de l’enfermement" dans ces lieux de rétention et constatent "une forte dégradation du respect des droits des personnes enfermées".

En France métropolitaine, près de 40% des personnes enfermées ont ainsi été libérées par des juges, en raison du non-respect de leurs droits par les autorités.   "L’usage quasi systématique de la rétention par de nombreuses préfectures s’accompagne trop souvent d’un défaut d’examen approfondi des situations personnelles", explique le rapport.  

Un "déficit" de protection des femmes

En 2018, près de 500 places supplémentaires ont été créées en France métropolitaine. Un développement inédit depuis une décennie, qui s'accompagne d'un allongement de la durée de rétention. En moyenne, une personne enfermée dans un centre reste près de 15 jours contre 12,8 jours en 2017. Le rapport dénonce également le doublement de la durée maximale de rétention, passée de 45 à 90 jours depuis le mois de janvier, ainsi que les procédures abusives d’enfermement.  

Stress, pression, sentiment d’injustice, violences : les conditions de rétention sont de plus en plus difficiles, précise le rapport. Certains migrants enfermés ont manifesté, selon les associations, de fortes atteintes sur le plan psychologique. La rétention reste majoritairement masculine, 93% d'hommes et 7% de femmes. Les associations pointent du doigt "un déficit de protection des femmes victimes de la traite des êtres humains." Certaines femmes ont été ou en sont victimes au moment de leur placement en rétention en centre. Quand elles manifestent "leur volonté de sortir du réseau, leur situation administrative prévaut trop souvent sur leur statut de victimes", explique le rapport.  

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