Amnesty accuse l'Australie d'avoir payé des passeurs pour refouler des demandeurs d'asile
Passeurs, demandeurs d'asile et police indonésienne témoignent dans ce sens. Pour l'organisation de défense des droits de l'homme, "tout indique que les autorités australiennes ont commis un crime transnational".
Amnesty International avait ouvert une enquête en juin à la suite des déclarations du capitaine et des membres d'équipage d'un bateau transportant 65 demandeurs d'asile qui voulaient rejoindre l'Australie le mois précédent. Ils avaient affirmé que les autorités australiennes, après avoir intercepté leur bateau, leur avaient versé 30 000 dollars (26 500 euros) pour faire demi-tour. Les migrants du Bangladesh, de Birmanie et du Sri Lanka étaient finalement arrivés fin mai sur les rives de l'île Rote, dans l'est de l'Indonésie.
Un migrant à bord du bateau, le Bangladais Nazmul Hasan, a confirmé que l'équipage avait reçu de l'argent. L'enquête d'Amnesty conforte ces allégations, que Tony Abbott, le Premier ministre australien de l'époque, avait refusé de démentir. L'organisation publie aussi une vidéo dans laquelle elle accuse les autorités australiennes de mettre en danger la vie des migrants en les transférant dans des bateaux "manquant de carburant".
"L'Australie devient un Etat de non-droit"
"Tout indique que les autorités australiennes ont commis un crime transnational en dirigeant de facto une opération de trafic humain, en payant l'équipage du bateau et en lui indiquant explicitement que faire et où se rendre en Indonésie", dénonce Anna Shea, responsable des questions de réfugiés à Amnesty International. Elle insiste : "La police des frontières et la marine ont également mis en danger les vies de dizaines de personnes en les obligeant à embarquer sur des bateaux mal équipés. En matière de politique envers les demandeurs d'asile, l'Australie devient un Etat de non-droit."
Le pays mène une politique d'immigration extrêmement restrictive depuis que le gouvernement a lancé en 2013 l'opération "Frontières souveraines" pour décourager les réfugiés d'arriver par la mer en Australie. La marine intercepte les bateaux transportant des migrants et les renvoie vers leur point de transit, souvent l'Indonésie. Les migrants qui parviennent à gagner les rives de l'Australie sont, eux, placés dans des camps de rétention sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou sur l'île de Nauru, dans l'océan Pacifique. Canberra affirme que cette politique de fermeté permet de sauver des vies.
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