Accord européen sur les migrants : soulagement en Allemagne, prudence en Italie
Les Européens ont validé vendredi le renforcement des frontières extérieures de l’Union et la création de centres d’accueil pour les migrants. Angela Merkel se réjouit de cet accord. En Italie, on attend les actes pour en faire de même.
Obtenir un accord sur les migrations relevait de la performance si l’on considère les divergences qui s’enchevêtraient dans le round de discussion vendredi 29 juin au Conseil européen. Pourtant, au terme d’une nuit de négociations, les 28 sont parvenus à s'accorder. "C’est la coopération européenne qui l’a emporté", s’est réjoui ce matin Emmanuel Macron. Outre-Rhin, la chancelière allemande Angela Merkel y a vu, sans pour autant crier victoire, un bon outil pour désamorcer la crise politique qui menace sa coalition.
Pour Merkel, l’accord est un "bon signal"
Pressée d’agir par ses alliés conservateurs bavarois, la Chancelière allemande espère désamorcer avec cet accord la crise politique qui menace sa coalition. Soulagée, mais prudente... Angela Merkel s’est bien gardée de crier victoire vendredi matin à l’issue des négociations. Pour la Chancelière, cet accord est un "bon signal", mais il reste, dit-il elle "beaucoup à faire pour rapprocher les différents points de vue".
Vu d’Allemagne, le renforcement de Frontex et la création de centres d’accueil sont perçus comme des avancées. Mais le point central concerne l’immigration secondaire entre les pays de l’Union. Le texte adopté à Bruxelles appelle les pays membres à prendre "toutes les mesures internes nécessaires" pour freiner ces mouvements : une formulation qui va dans le sens du durcissement réclamé par les conservateurs bavarois de la CSU.
Ce compromis parviendra-t-il à satisfaire le ministre de l’intérieur Horst Seehofer, qui menace d’appliquer seul des mesures de renvoi des migrants aux frontières ? Les alliés de la Chancelière vont maintenant entamer des consultations internes. Une rencontre décisive est prévue lundi entre Angela Merkel et son ministre.
Pour Conte, "l’Italie ne se sent plus seule"
De son côté, l’Italie, qui menaçait pourtant de poser son veto, a elle aussi signé et obtient la garantie d’une co-responsabilité des Etats européens sur le sauvetage en mer et l’accueil des migrants. Giuseppe Conte, le président du Conseil italien s’est estimé satisfait dans un premier temps. Mais les phrases couchées sur un bout de papier devront se concrétiser. "L’Italie ne se sent plus seule", déclarait Giuseppe Conte au petit matin. Mais l’Italie attend des engagements concrets.
Selon la déclaration en cours de matinée de Matteo Salvini le ministre de l’Intérieur, l’homme à l’origine de la fermeture des ports italiens et de l’accélération des discussions au niveau européen. L’Italie devra attendre de voir comment le volontariat se met en œuvre, car cette notion est au cœur de l’accord de Bruxelles. Ce volontariat concerne autant l’ouverture par les pays européens de centres d’accueil pour les migrants, que la répartition des demandeurs d’asile.
Pas de système permanent de répartition L’Italie n’obtient pas le système permanent de répartition qu’elle appelait de ses vœux, c’est le groupe de Visegrad qui l’emporte sur ce point. Rome a cependant été entendue sur les secours en mer. L’accord prévoit de renforcer le soutien aux garde cotes libyens et appelle les navires opérant en méditerranée à ne pas leur faire obstacle. Matteo Salvini qui a lancé la guerre contre les ONG ne peut que se féliciter de ce passage, qui n’est pas sans soulever une grande indignation parmi les associations d’aide aux migrants.
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