: Témoignage Un an après l'invasion russe en Ukraine, Yulia va fêter le premier anniversaire de son fils : "J'ai choisi un très bon moment pour devenir maman !"
Un an de guerre mais un an de vie aussi, pour les enfants nés autour du 24 février 2022. Quand les Russes ont envahi l'Ukraine, certains poussaient alors leur premier cri. Ces enfants n'ont, depuis, connu que la guerre.
À Kiev, Yulia a 35 ans. Elle raconte avec ironie la naissance de son enfant le 28 février 2022, quelques jours après l'invasion. "J'ai choisi un très bon moment pour devenir maman, dit-elle sourire en coin. 20 minutes après la naissance de mon fils, l'alarme a sonné et on nous a descendus dans le sous-sol de la maternité, poursuit Yulia. J'y ai passé cinq jours."
Quelques semaines plus tard, elle quitte Kiev avec son bébé, et part se réfugier deux mois en France. Elle suit à distance l'horreur de la guerre. "Quand mon fils a eu trois mois, on a découvert les crimes à Boutcha, raconte-t-elle. Et ça a été un très grand stress pour moi parce que même si je sais que la Russie est la pire nation au monde, je ne la pensais pas capable de ça." Yulia arrête alors d'allaiter son fils. "Je n'avais plus de lait, explique-t-elle. Je ne sais pas si je peux pardonner par ce que je voulais allaiter très longtemps. Mais là trois mois et c'est tout."
Une vraie fête d'anniversaire
Son petit garçon, Mark, nous le découvrons en vidéo seulement, à distance car le mari de Yulia a insisté pour le mettre à l'abri ces jours-ci, à des kilomètres de Kiev au cas où Poutine voudrait "marquer le coup" en ce 24 février. Mais dans quelques jours, à nouveau réunis, Yulia prévoit pour son fils une vraie fête d'anniversaire.
"Je vais lui faire un gâteau, des ballons partout. On va aller dans un restaurant où il y a une abri. Je ne veux pas que la guerre vole les moments particuliers de son enfance."
Yulia, maman de Markà franceinfo
Yulia s'adapte aussi au quotidien. Les fréquentes coupures de courant par exemple, et pas toujours d'ascenseur pour la famille qui habite au 8e étage. "Ça m'énerve mais j'ai trouvé la solution, je laisse la poussette dans la voiture et je monte juste avec mon bébé. Yulia essaye de lui "organiser une vie normale : il se promène malgré les alertes. Ce n'est pas bien mais je n'ai pas le choix".
"Je ne connais pas la vie normale"
Et maintenant ? Yulia n'envisage pas de repartir à l'étranger. Elle voit l'avenir de son petit Mark en Ukraine, malgré tout. "Je suis née un mois après la catastrophe à Tchernobyl, lance-t-elle, Ma maman était enceinte quand la centrale a explosé. On est toujours dans cette merde. Je ne connais pas la vie calme, stable où on peut prévoir, je ne connais pas la vie normale". "L'histoire est cyclique", selon elle.
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