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Témoignage "Il n'y a rien de bon à la guerre" : ces jeunes Ukrainiens qui font tout pour éviter d'aller se battre

Pendant que la mobilisation partielle bat son plein en Russie, l'armée ukrainienne tente de recruter des jeunes. Certains refusent et font tout pour éviter l'enrôlement, comme Oleg, qui s'est confié à franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un jeune homme est formé par un soldat, après son recrutement dans l'armée ukrainienne, le 14 avril 2022.  (SERGEY BOBOK / AFP)

Face à la determination russe, l'Ukraine tente aussi de mobiliser ses jeunes. Depuis le début de la guerre, les jeunes hommes ne peuvent plus quitter le pays. Ici, pas d'ordre de mobilisation générale, mais des opérations de l'armée pour attirer de nouveaux soldats.

C'est ce qui est arrivé à Oleg, une jeune papa âgé d'une trentaine d'années. Son histoire commence alors qu'il va faire ses courses : "Je suis allé acheter à manger au supermarché. À la sortie, des personnes polies en uniforme et armées m'ont demandé de les suivre", raconte-t-il. "Je n'ai pas pu refuser, ils m'ont remis la convocation, j'avais 24 heures pour me présenter au bureau d'enrôlement."

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Oleg décide de ne pas s'y présenter. Un choix guidé par sa conviction, car "il n'y a rien de bon à la guerre", selon lui, qui ne veut "pas y participer". Un choix de ne pas aller se battre également guidé par la peur : "Nos autorités nous l'ont annoncé, l'entraînement dure entre une et trois semaines, ce n'est rien du tout. Cela veut dire qu'on nous prépare à être de la chair à canon." 

Ne plus sortir de chez soi

Au début de la guerre, de nombreux Ukrainiens se sont portés volontaires pour défendre leur pays. Mais pas assez face à la gigantesque armée russe. L'armée se met alors à recruter dans les espaces publics, devant les supermarchés comme pour Oleg. En cas de refus, le contrevenant s'expose dans un premier temps à une amende. En cas de nouveau refus, c'est la prison.

Il doit donc vivre avec cette menace au-dessus de lui, et si les autorités ne sont pas revenues à la charge, il a dû s'adapter. "Moi, je tente d'éviter les espaces publics, les supermarchés, surtout en semaine et durant les heures de bureau", raconte-t-il. 

"Mon entourage tente d’éviter de recevoir cette convocation par tous les moyens."

Oleg

à franceinfo

"Certains de ceux que je côtoie et qui ont mon âge ne sortent plus du tout", poursuit-il. Certains de ses amis "restent à la maison", "ils sont assignés à résidence en quelque sorte, se font livrer de la nourriture à la maison, ils fument à la fenêtre."

Sur les réseaux sociaux, les Ukrainiens se signalent entre eux les supermarchés ou les checkpoints autour desquels les autorités décident de recruter. Une principale crainte guide ici ces comportements. Face à la mobilisation partielle russe qui bat son plein, certains redoutent que l’armée ukrainienne ne soit condamnée à recruter massivement à son tour, y compris parmi ceux qui ne veulent pas se battre. Depuis le début du conflit, l’armée ukrainienne assure par ailleurs tout faire pour ne pas sacrifier sa jeunesse.

Oleg, jeune ukrainien qui évite la mobilisation - Le reportage de Maurine Mercier

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