: Témoignage Guerre en Ukraine : "Le plus dur, c'est de le voir s’habituer à vivre sans moi", témoigne un père éloigné de son fils
"Tu as fait tes devoirs ?", demande Andrei devant son téléphone. "Oui", répond son fils sur l'écran. Andrei n’a pas vu son enfant depuis près d’un an. Son fils vient d’avoir 7 ans. Leurs seuls échanges, aujourd'hui, se font désormais via internet.
Lorsque la guerre avec la Russie a éclaté, le fils d'Andrei a fui le pays avec sa mère comme huit millions de mères et d'enfants, soit un Ukrainien sur cinq. "Je n’ai pas pu voir mon fils commencer l’école. Je ne le vois pas grandir depuis un an. C’est une première année de vie qui s'écoule sans moi. C'est très difficile. C'est très dur pour lui aussi parce que nous faisions du vélo sans arrêt. Nous étions inséparables."
Durant des mois, l’appartement familial se retrouve juste devant la ligne de front, à Mykolaïv dans le sud de l'Ukraine, le fils d'Andrei a vécu durant deux mois les bombardements incessants avant de prendre la route de l'exil. "Mais une fois en sécurité en Slovaquie, avec sa maman, pendant près de deux mois, lorsque quelqu’un fermait une porte un peu bruyamment, il criait : 'Maman, cache-toi, ils tirent !'"
Des retrouvailles impossibles en Ukraine à ce jour
Sur son téléphone, Andrei montre les vidéos de la guerre, juste sous ses fenêtres. "Voilà, toutes les armes qui étaient ici en ville, c'était juste là." Comme des milliers de pères, à cause de la guerre, Andrei doit désormais faire sans sa famille. Dans la boîte à gants de sa voiture, il conserve des objets très précieux à ses yeux. "Ça, c’est un petit ours en peluche qui attend le retour de mon fils. Et voilà des photos de mon petit. Je les garde toujours avec moi."
Aujourd'hui, ce qui plus difficile encore que l’éloignement pour Andrei, c'est "de devoir expliquer qu'il est encore bien trop dangereux de revenir" à sa femme et à son fils. "Ça nous arrive même de nous disputer à cause de cela avec ma femme, soupire le père de famille. Après un certain temps, elle a oublié ce que c'est que de vivre sous les bombardements. Elle veut revenir. Mon fils économise dans sa petite tirelire pour un billet retour. Il a besoin de 100 euros."
Face à la guerre toujours omniprésente, Andrei ne sait pas quand il pourra revoir sa famille. "Ce n'est pas sûr ici et ça ne le sera pas de sitôt, malheureusement, lâche Andrei, les yeux embués. Mais le plus dur, c'est de voir mon enfant s’habituer à vivre sans moi."
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