: Témoignage Guerre en Ukraine : la militante antiguerre russe Daria Serenko se bat contre le régime de Vladimir Poutine
Regard bleu perçant, coquelicot tatoué dans le cou. Daria Serenko vient tout juste de fêter ses 30 ans en exil. La veille de la guerre en Ukraine, la militante sort de prison, où elle a purgé une peine de 15 jours pour extrémisme. Le 24 février 2022, la Russie attaque l’Ukraine.
Dès le lendemain, un groupe de féministes russes, parmi lesquelles Daria Serenko, lance "Résistance féministe antiguerre", mouvement horizontal, décentralisé, qui compte désormais 40.000 abonnés sur sa chaîne Telegram. "Nous ne sommes pas parties de zéro, nous avons fédéré une quarantaine de mouvements qui existaient déjà dans le pays, explique-t-elle. L'histoire nous a démontré qu'en cas de conflit, les femmes des mouvements antiguerres ont toujours joué un rôle important", explique-t-elle.
"Ce sont précisément des femmes, parmi lesquelles nos activistes en Russie, qui écrivent des plaintes, qui permettent que certaines affaires soient rendues publiques et qui parfois cachent des gars de 17 ou 18 ans, et les aident à quitter le pays."
Daria Serenko, militante antiguerre russeà franceinfo
"Nous avons sauvé plusieurs personnes du suicide, et beaucoup nous écrivent, pour nous dire que ce nous faisons leur donne la force de vivre, et de croire que ce qui se passe en ce moment aura une fin, c’est important", affirme-t-elle.
Dix ans de prison pour des autocollants antiguerre
Le mouvement publie un journal clandestin, en version PDF, imprimé et distribué en Russie par des volontaires, qui donne des conseils pour saboter l’offensive du Kremlin en Ukraine. "Notre mission de mouvement antiguerre est d’épuiser les ressources de notre pays, pour que Poutine ait moins de ressources en hommes sous la main, moins d’argent, de moyens", détaille-t-elle. "C’est ce qu’essaie de faire la communauté internationale, que Poutine ait moins de ressources, et que l’Ukraine, au contraire, en ait plus. Il n’y a que ça qui peut aider."
En Russie, Daria Serenko est désormais considérée comme "agent de l’étranger". Son portrait a été affiché dans son ancien hall d’immeuble à Moscou avec la mention "ennemie du peuple". "Qu’est-ce qu’ils peuvent me faire ? Je ne suis pas une personnalité suffisamment importante pour qu’ils m’empoisonnent au Novitchok ! Ce que je crains, c’est qu’ils s’attaquent à nos proches qui sont restés en Russie. Ça, j’y pense tous les jours", conclut Daria Serenko.
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