: Reportage "Tchernobyl, à côté, c'est un jouet" : les riverains de la centrale de Zaporijjia inquiets après la destruction du barrage de Kakhovka
Depuis la destruction du barrage de Nova Kakhovka il y a une semaine, l'inquiétude grandit autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située en amont de la structure hydroélectrique. Sous contrôle russe, la centrale puise l’eau du fleuve pour refroidir les cœurs de ses réacteurs, mais la baisse du niveau du fleuve Dnipro donne des sueurs froides aux habitants de la région.
Volodymyr et Valentina habitent justement dans la région. Leur maison avait un accès direct au Dnipro depuis le jardin. Mais depuis la destruction du barrage, le niveau du fleuve a tellement baissé que ces retraités ne vivent plus les pieds dans l'eau, mais dans la boue. "L'eau arrivait ici, maintenant il n'y a plus rien, se désole Volodymyr. Le niveau du fleuve baisse chaque jour. On avait jusqu'à huit mètres de profondeur, regardez : il ne reste plus que des flaques d'eau."
Juste en face de l'habitation, à cinq kilomètres à peine, s'élève la centrale nucléaire de Zaporijjia. Volodymyr, comme beaucoup d'habitants du secteur, se demande si elle aura suffisamment d'eau pour refroidir le cœur de ses six réacteurs. Alors le retraité se confie : "Bien sûr que nous avons peur, car c'est la plus grande centrale nucléaire d'Europe. Tchernobyl à côté, c'est un jouet. Si elle explose, tout le monde souffrira." Le constat est d'autant plus douloureux qu'il se rappelle des bons moments passés dans les eaux du Dnipro. "On a nagé ici, on a pêché des poissons. Et tout ça est fini. Aucune vie n'est possible sans eau. C'est une catastrophe."
Son épouse, Valentina, se tient à ses côtés. Devant ce paysage de désolation, son visage trahit la fatigue et l'angoisse. "C'est une horreur... L'eau a disparu, souffle-t-elle. Ici, avant, c'était un paradis et c'est devenu un enfer. Ce qui nous inquiète, c'est la centrale. Poutine doit retirer ses troupes. C'est la condition pour vivre en paix." Et Valentina continue de s'interroger : "Combien de personnes doivent encore mourir ?"
Très préoccupée également, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé à avoir accès à la centrale, afin d'évaluer de manière indépendante la situation, et notamment les niveaux d'eau.
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