: Reportage "Un des seuls moyens de tenir, c'est de s'enterrer" : en Ukraine, un immense réseau de tranchées voit le jour à l'arrière du front
Un immense réseau de tranchées est en train de voir le jour, sur près de 2 000 kilomètres dans tout l’est de l'Ukraine, à l’arrière du front et le long de la frontière russe. Il s'agit de fortifications pour préparer le pays à une possible nouvelle offensive de la Russie ces prochains mois. Sur place, l'envoyée spéciale de franceinfo a pu observer des engins de chantier partout dans les régions de Kharkiv et Soumy.
Au milieu des champs, ou au bord des routes de campagne, ils creusent depuis des semaines un immense labyrinthe de tranchées, à moins de 30 km du front ou de la frontière. Des ouvriers passent après la pelleteuse pour renforcer les murs de treillis soudés et poser, au sol, un plancher en bois à 1,60 mètre de profondeur. Il s'agit d'une ligne arrière de défense face à l’envahisseur russe explique un travailleur civil. La construction des fortifications est effectivement gérée par différentes entreprises privées et aucun officiel ukrainien n’accepte d’en parler car le chantier est trop stratégique.
L'Ukraine entre dans une période très difficile
Le chantier est surtout nécessaire, explique le consultant en risques internationaux Stéphane Audrand, au regard de la supériorité russe en termes de munitions. "Quand on perd l'initiative et qu'on est dominé par les feux, un des seuls moyens qu'on a de tenir sans sacrifier trop d'hommes et trop de matériel, c'est de s'enterrer, explique-t-il. Ça reste vrai au XXIe siècle : valoriser une position avec des tranchées, avec des bunkers, avec des fortifications, ça reste un moyen de survivre et les Ukrainiens n'ont pas le choix."
Creuser, donc, pour être moins visible et se protéger. Franceinfo a pu constater sur place que des bunkers étaient également installés. Pour freiner l’adversaire, l’Ukraine disperse en ce moment dans ses champs des "dents de dragon", ces obstacles antichars en forme de pyramide et alignés sur des kilomètres. Et il n’est pas trop tard pour le faire, soutient Stéphane Audrand. "Non ce n'est pas trop tard, et oui c'est la chose à faire pour tenir", assure-t-il.
"Les mois qui viennent, jusqu'à la fin de l'été, vont être durs. L'Ukraine entre vraiment dans une période très difficile, très contrainte sur le plan de ses munitions et de ses marges de manœuvre militaires."
Stéphane Audrand, consultant en risques internationauxà franceinfo
Le réseau de tranchées a été visité deux fois en 15 jours par le président Zelensky, pour bien montrer que le pays se tient prêt. Et que la région de Kharkiv se renforce, elle qui subit d'incessants bombardements depuis des semaines.
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