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Reportage "On en avale tous" : en Ukraine, les anxiolytiques pour tenir après huit mois de frappes russes

Mykolaïv, à 50 kilomètres de Kherson, est pilonnée depuis huit mois par les Russes. Les civils diluent leurs angoisses quotidiennes dans les médicaments, faute de pouvoir fuir.

Article rédigé par Gaële Joly - Laurent Macchietti
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
A Mykolaïv, mercredi 26 octobre, un quartier dévasté par des frappes russes. (GAELE JOLY / RADIO FRANCE)

"Voilà l’immeuble détruit, et au milieu de la cour, ce qu’il reste d’un magasin : c’était des civils, ils dormaient paisiblement pendant la nuit." Igor est chef d'unité militaire à Mykolaïv, une ville ukrainienne située à une dizaine de kilomètres du front, à Kherson, et pilonnée depuis huit mois par l’armée russe. Il tient à montrer ce quartier éventré il y a quatre jours par deux missiles russes.

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"J’habite à coté !, ajoute Olena, une voisine, qui n’a pas pu partir et qui a dû apprendre à vivre avec ces bombardements. J’ai eu l’impression que c’était tombé sur ma tête, la frappe a été très forte… Quel stress !"

"Je prends des médicaments pour le cœur et pour contrôler ma tension, mais mes mains tremblent tout le temps, même dans les moments calmes."

Olena

à franceinfo

"Ces situations de stress sont moralement très difficiles, poursuit Olena. C’est difficile de voir tout ça." Olena a renoncé à quitter Mykolaïv. Elle explique qu'elle est à trois ans de sa retraite, qu'elle a trouvé du travail ici. Alors elle est restée. "Tu ne sais jamais si tu vas te réveiller, soupire-t-elle, épuisée. Cela dépend de la volonté de Dieu. Certains missiles tombent avant les hurlements des sirènes et… c’est Dieu qui décide."

Vladimir, habitant de Mykolaïv (Ukraine), le 26 octobre 2022. (GAELE JOLY / RADIO FRANCE)

Au pied de l’immeuble, Vladimir, lui, a perdu son épicerie, pulvérisée par un missile. "Je n’ai pas le choix, je dois rester ici : j’ai d’autres magasins dans la ville et je n’ai pas d’autres endroits où aller." Alors, pour supporter la menace permanente,, il prend des cachets. "Bien sûr qu’on consomme des anxiolytiques ! On en avale tous ! Toute ma famille en consomme. Ce médicament, il faut le prendre trois fois par jour, c'est prescrit le médecin : ça te calme et ça te redonne le moral."

Comme ses voisins, Vladimir n'a pas entendu pour rafistoler son magasin. Reconstruire, coûte que coûte.

En Ukraine, les anxiolytiques pour tenir après huit mois de frappes russes - le reportage de Gaële Joly et Laurent Macchietti

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