Cet article date de plus d'un an.

Reportage En Ukraine, les habitants épuisés de Bakhmout se réfugient dans des "centres d'invincibilité" : "Ici, je peux me connecter à Internet et il y a de la lumière"

Article rédigé par Gilles Gallinaro, Omar Ouahmane
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des habitants de de Bakhmut, dans la région de Donetsk dans l'est de l'Ukraine, se rassemblent dans un "centre d'invincibilité" organisé par des bénévoles, le 17 janvier 2023. (ANATOLII STEPANOV / AFP)
Le gouvernement ukrainien a mis en place des "centres d’invincibilité" partout dans le pays. Les habitants peuvent y venir se réchauffer et manger alors que la guerre engendre de nombreuses coupures d'eau et d’électricité.

Avant la guerre, c'était une salle de sport à Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine. Elle est devenue un refuge protégé par des sacs de sable. Des bénévoles y distribuent des boissons chaudes et des repas à des habitants épuisés. Tania pianote sur son téléphone portable. "On vit dans la peur, confie-t-elle. Vous savez, quand un missile vole au-dessus de votre maison, vous levez la tête vers le ciel et vous vous demandez s'il va tomber ici ou plus loin. Tout le monde en a ras le bol."

REPORTAGE >> "Ici, c'est mon cœur, je ne peux pas partir" : dans l'enfer de Bakhmout, des irréductibles Ukrainiens s'organisent pour survivre dans la ville ravagée par les bombardements

Pour contrer la guerre énergétique menée par la Russie à longueur de frappes, l’Ukraine a ouvert plus des centres dits "d’invincibilité" à travers tout le pays comme celui de Bakhmout, dans le Donbass où les combats font rage. Des lieux où les habitants peuvent se réchauffer, recharger leur téléphone, et avoir un accès à Internet ou à des pharmacies.

"Quand ça bombarde fort, j'ai vraiment peur"

Les habitants qui s'y rendent sont surtout des personnes âgées et vulnérables, mais aussi des enfants comme Nicolas, 10 ans, qui est venu avec son père. "Ici, je peux me connecter à Internet et il y a de la lumière", explique Nicolas. Quand on lui demande s'il n'a pas peur : "Là, tout de suite : non, mais quand ça bombarde fort, j'ai vraiment peur", répond-il, avant de décrire comment il occupe ses journées.

"Je joue dans la cour et dans l'abri souterrain. J'ai des jeux vidéo et je joue aussi aux échecs avec papy." 

Nicolas, 10 ans

à franceinfo

Des familles entières sont restées à Bakhmout au côté de leurs aînés qui ont refusé l'évacuation. Nina, elle, n'a plus personne. Cette ancienne professeure de géographie n'est pas venue les mains vides : "J'ai rapporté des vieux livres et des revues. Je viens ici pour manger et boire du thé, car je n'ai ni gaz ni électricité à la maison. Je leur suis tellement reconnaissante que j'ai décidé de leur offrir ma bibliothèque."

Le centre propose également une pharmacie. "Les gens viennent, car ils ont de la fièvre, des maux de gorge, de la toux, des maladies dues au froid, explique Natalia, derrière un comptoir improvisé. Certains demandent aussi des calmants car ils sont angoissés. Ils n'arrivent pas à dormir ou à manger." Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, 4 000 de ces "centres d'invincibilités" ont déjà ouvert dans toute l'Ukraine.

Des habitants de Bakhmut se réfugient dans des "centres d'invincibilité" - Omar Ouahmane et Gilles Gallinaro

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.