Reportage "C'est une question de temps" : en Ukraine, les villages voisins d'Avdiivka craignent l'arrivée des forces russes

Depuis la chute d'Avdiivka, dimanche dernier, les habitants des villages voisins s'attendent à une invasion russe prochaine.
Article rédigé par Vanessa Descouraux, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Quatre écoles et un hôpital de Selydove ont été détruits par les frappes russes, février 2024. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

En Ukraine, dans les villages autour d'Avdiivka, les habitants sont certains d'être la prochaine cible sur la liste des Russes depuis la chute de la ville, le 18 février. Le sentiment de résignation domine face à une lente et dévastatrice progression des forces russes.

À Selydove, Louba était la gardienne de l'école maternelle. "Elle avait 50 ans, elle était encore jeune", raconte Youri. Il vit juste à côté de l'école, dont le bâtiment a été pulvérisé par deux missiles : "Quand il y a eu la frappe sur l'école, nous avons couru. En 30 minutes, un groupe de six à huit personnes s'est constitué et l'a cherchée dans les décombres. Elle était sous une dalle de béton. Ce sont les sauveteurs qui ont retrouvé son corps, tôt le matin."

"Personne ne dort en ville"

Cette nuit-là, au début du mois, à Selydove, trois écoles ont été détruites la même nuit. Il n'en reste désormais qu'une opérationnelle. Le mois précédent, c'était le collège, juste en face de la mairie, bâtiment perforé. Il y a eu aussi l'hôpital, touché à deux reprises. "La nuit, c'est le plus effrayant pour nous, témoigne Dmytro, 22 ans. Toutes les nuits, à minuit, ils commencent à bombarder. Avant-hier comme hier, ça a tapé et aujourd'hui on ne sait pas ce qui va se passer. On ne dort pas la nuit, personne ne dort en ville."

Youri et son épouse habitent juste en face l'école qui a été détruite par des frappes russes, février 2024. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Avant la guerre, il y avait 35 000 habitants, la moitié aujourd'hui : "On revient à la préhistoire. Nous, notre préoccupation, c'est où trouver de l'eau. On n'est pas approvisionnés correctement en gaz ni en eau. Il n'y a pas de chauffage, tout est coupé. Mais vous voyez, en apparence, tout va bien. On survit."

"Ils doivent passer par notre village"

Selydove ne sait pas trop ce qu'elle a fait pour mériter ça, si ce n'est sa position géographique. La ville est située à quelques kilomètres d'Avdiivka. Et un jour, Selydove tombera. Irina n'a aucun doute. C'est même la prochaine sur la liste : "Tôt ou tard. C'est une question de temps. Si on regarde la carte, ils doivent passer par notre village. Leur objectif c'est Pokrovsk."

À côté du commerce d'Irina, un immeuble d'habitation est éventré. Juste en face, une école. La cible a été cette fois manquée. À Selydove, tout le monde se connaît et chacun comprend que pour viser aussi précisément, aussi souvent, c'est que les Russes comptent des informateurs dans la ville.

En Ukraine, la crainte des habitants de Selydove : reportage de Vanessa Descouraux et Gilles Gallinaro

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