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Qui est Petro Porochenko, le nouveau président ukrainien ?

Ce businessman milliardaire a une carrière politique particulièrement sinueuse, mais se défend d'être un oligarque. 

Article rédigé par franceinfo
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Un tract électoral pour Petro Porochenko, collé sur un arrêt de bus, à Kiev, en Ukraine, lundi 26 mai 2014. (GLEB GARANICH  / REUTERS )

Il est le nouvel homme fort de l'Ukraine. Du moins, de la partie du pays qui n'a pas détourné le regard de Kiev pour regarder vers Moscou. Donné vainqueur lundi 26 mai, selon des résultats partiels, le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko, 48 ans, a deux objectifs : mettre fin à la guerre dans l'Est séparatiste et mener son pays sur la voie de l'intégration européenne.

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Alors que la France a félicité lundi le nouveau président, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a d'ores et déjà assuré que Moscou était prêt à engager le dialogue avec le nouveau chef d'Etat ukrainien. En attendant, francetv info vous présente ce personnage politique bien connu des Ukrainiens.

Son profil : un "Willy Wonka" milliardaire

Petro Porochenko n'a pas attendu l'aval des électeurs pour vivre comme un chef d'Etat. Installé dans une somptueuse villa aux airs de Maison blanche, le milliardaire répondait d'ailleurs déjà au surnom de "roi du chocolat". Dans la confiserie, il a acquis une fortune estimée à 1,3 milliard de dollars, selon Forbes, faisant de lui la septième fortune d'Ukraine. Les médias occidentaux, eux, établissent inévitablement le parallèle entre Porochenko et Willy Wonka, le personnage imaginé par Roald Dahl dans Charlie et la chocolaterie.

Ce fils de patron d'usine de l'ère soviétique, élevé dans une famille russophone à Odessa, aux portes de la mer Noire, a le business dans le sang. Selon le portrait dressé par le site américain Politico (lien en anglais), il est encore étudiant en relations internationales et en droit dans une université de Kiev quand il se lance dans le cacao. Il installe alors des usines en Ukraine, en Lituanie, en Hongrie et dans le sud-ouest de la Russie voisine. Sa marque, Roshen, figure dans le top 20 des plus grands fabricants de chocolat au monde, poursuit Slate.fr. Un empire susceptible de servir de moyen de pression à Vladimir Poutine : à l'automne 2013, le chef d'Etat russe, soucieux de peser en défaveur de l'accord entre l'Ukraine et l'Union européenne, "a commencé par interdire l’importation des confiseries Roshen en Russie et par fermer l’usine de Lipetsk", poursuit le site. 

Ses activités touchent à de nombreux secteurs : il possède une holding "mystérieuse" nommée UkPromInvest, spécialisée "entre autres" dans l'automobile, la banque, les câbles électriques ou encore les chantiers navals, énumère Politico. Petro Porochenko détient surtout Channel 5, considérée comme une chaîne d'opposition déterminante dans l'éviction de l'ancien président Viktor Ianoukovitch. 

Son parcours : une évolution sinueuse

S'il se défend d'être un oligarque, il a passé toute sa carrière à naviguer entre ses activités économiques et politiques. "En 1998, il est député du Parti social-démocrate unifié qui soutient le président Leonid Koutchma. En 2000, il crée son propre mouvement Solidarité pour un an plus tard participer à la fondation du Parti des régions", avant de se rapprocher de Viktor Iouchtchenko, avec qui il participera à la "révolution orange", en 2004, relève Slate. 

Un parcours pour le moins sinueux, marqué par plusieurs passages au gouvernement ou au Parlement : lui qui a contribué à la fondation du Parti des régions de l'ex-président pro-russe Viktor Ianoukovitch, destitué en février, fut un temps son ministre de l'Economie. Mais il a aussi été le ministre des Affaires étrangères de son principal opposant. 

Ses revendications : une voix pro-Maidan

Quand la colère explose sur la place Maidan, Porochenko n'occupe cependant aucune fonction au gouvernement, s'évitant ainsi d'être associé au président chassé. Alors que d'autres proposent de négocier avec Ianoukovitch, le roi du chocolat s'y refuse et utilise sa chaîne Channel 5 pour véhiculer des messages favorables au mouvement.

Avec le boxeur Vitali Klitschko, il devient une des voix de Maidan. A ce titre, ils sont d'ailleurs tous deux reçus par François Hollande à l'Elysée, début mars. Quelques jours plus tard, un accord controversé entre les deux hommes débouche sur le retrait de Klitschko, permettant à Porochenko de bénéficier d'un électorat plus large. 

Le président français, François Hollande, reçoit Petro Porochenko (C) et Vitali Klitschko (D), à l'Elysée, le 7 mars 2014.  (CHRISTOPHE ENA / SIPA / AP)

Son ambition : entre fermeté et discussions

Petro Porochenko n'a pas attendu les résultats officiels pour détailler les premières mesures qu'il prendra en tant que chef de l'Etat : se rendre dans les régions du Donbass, en proie à une insurrection armée pro-russe, "ramener la paix en Ukraine" et convoquer dès cette année des élections législatives anticipées.

Dès lundi matin, il a fait part de son intention de rencontrer les dirigeants russes dans la première quinzaine de juin. Il n'est pas possible de rétablir la stabilité dans les régions orientales de l'Ukraine sans la participation de la Russie, estime-t-il. Il se dit par ailleurs prêt à entamer un dialogue avec les séparatistes qui déposeront les armes mais a exclu de rencontrer les "terroristes" qui menacent la sécurité du pays. Enfin, il aura recours à tous les moyens légaux pour obtenir le retour dans le giron ukrainien de la Crimée, annexée en mars par la Russie, prévient-il.

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