"On ne peut pas sauver l'Ukraine au détriment des céréaliers européens", se fâchent les professionnels français après l'accord européen de plafonnement des exportations ukrainiennes
"On se moque du monde, c'est-à-dire qu'on donne l'impression qu'on veut protéger mais dans la réalité, on ne protège pas", s'insurge mercredi 20 mars sur franceinfo le président de l'Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB) Éric Thirouin. Alors que les céréaliers français voulaient voir réinstaurer des droits de douane pour les céréales importées d'Ukraine dans l'Union européenne, les 27 et le Parlement européen ont trouvé dans la nuit un accord pour plafonner certaines importations agricoles en provenance de Kiev, comme l'avoine, le maïs, mais pas le blé.
Un plafonnement aussi sur la volaille, les œufs et le sucre afin de répondre à l'inquiétude des agriculteurs européens, qui estiment que l'afflux de produits ukrainiens plombe les prix des produits locaux, notamment dans les pays riverains de l'Ukraine. Selon le président de l'AGPB, cet accord "donne l'impression de gérer et de contenir un peu ce qui est en train de se passer mais en fait, cette nuit, je pense qu'ils se sont moqués du monde".
L'un des points de tension est la prise en compte de la période de référence pour fixer une limite aux importations. Les organisations agricoles critiquent le fait que le plafonnement corresponde aux volumes très élevés des deux dernières années à l'origine de la crise (2022 et 2023). "Si on ne prend pas 2021, en fait, ça équivaut à ne pas ne rien faire du tout puisque en fait, on est au maximum des importations possibles", a déploré le représentant des céréaliers.
"On entend les discours, on veut des actes"
"Ils n'ont pas intégré les céréales de blé à l'intérieur de cet accord", a par ailleurs fustigé Éric Thirouin, alors que "les cours ont totalement dévissé", selon lui. "Il est indispensable, qu'il y ait une mesure d'équilibre", lance-t-il. "On ne peut pas sauver l'Ukraine au détriment des céréaliers européens", poursuit le patron de l'association spécialisée des céréaliers de la FNSEA. D'autant, ajoute-t-il, que les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire ont repris.
"Il est donc nécessaire de retrouver des clauses de sauvegarde, c'est indispensable", insiste Éric Thirouin. "Il y avait, avant la guerre, un contingent d'1 million de tonnes en blé. Aujourd'hui, il n'y a plus de contingents du tout, ce qui fait que le blé ukrainien, revient via l'Italie et via l'Espagne sur notre marché et ça fait chuter les prix", regrette-t-il. "On ne peut pas laisser les choses se faire sans réagir, on entend les discours de notre gouvernement français maintenant on veut des actes concrets et efficaces au niveau européen".
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