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"La guerre en Ukraine ne laisse aucune place aux émotions" : cette psychologue apprend aux militaires à tuer

La contre-offensive ukrainienne se poursuit. Kiev continue de recruter des civils. Pour les préparer au mieux, l'armée renforce ses rangs avec des psychologues, engagés pour préparer ces civils à tuer.
Article rédigé par Maurine Mercier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
Un soldat ukrainien sur les rives du Dniepr, dans la region de Kherson. (SADAK SOUICI / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Maria, la trentaine, tente de souffler, dans l'un des grands parcs de sa ville. La guerre déclenchée par la Russie contre Kiev l'oblige à faire ce qu'elle n'avait jamais imaginé. Cette psychologue n'aide pas les soldats à se soigner, mais elle les prépare désormais à tuer : "La guerre ne laisse aucune place aux émotions. Alors, on leur apprend à être solides", souffle-t-elle.

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De nombreux soldats ukrainiens sont de simples civils condamnés à prendre les armes pour défendre leurs pays, condamnés, donc,  à tuer. Maria doit leur inculquer ce changement à opérer dès qu'ils sont sur le front. "On leur apprend à faire un 'switch' et c'est très important : on l'appelle la déshumanisation. On leur explique qu'ils ont en face d'eux, non pas des êtres humains, mais des cibles et qu'ils doivent suivre les ordres. Si on ne les prépare pas ainsi et qu'ils se retrouvent à devoir tuer, ça les brisera tout de suite", détaille Maria.

"C'est mon devoir d'aider les soldats"

Maria l'avoue, c'est très dur pour elle : elle aussi est obligée de se déshumaniser pour réussir à l'inculquer aux soldats. "Les symptômes de stress post-traumatique dont ils souffrent, leurs flash-backs, les cauchemars, des gars qui s'effondrent en pleurs, des addictions à l'alcool, à la drogue... Sur tous ces symptômes, on travaillera dessus ensuite, après la guerre. Là, ils se concentrent sur leurs tâches, leur travail de soldat", balaie-t-elle.

Cette psychologue estime que c'est son "devoir que d'aider les soldats". Mais elle lâche qu'elle aurait préféré de "ne jamais avoir à faire cela".

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