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Hausse des prix des céréales : "Il faut que l'Europe produise le plus qu'elle peut pour compenser", affirme la FNSEA

Selon Christiane Lambert, la prĂ©sidente de la FNSEA, si le risque de pĂ©nurie de cĂ©rĂ©ales ne guette pas encore, Ă  cause de la guerre en Ukraine, il faut s'attendre Ă  des augmentations de prix.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Christiane Lambert, le 6 mars 2021, Ă  Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Il faut cultiver toutes les terres disponibles", selon Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, pour compenser les pénuries et la hausse des prix des céréales et des engrais liées à la guerre en Ukraine. Le salon de l'agriculture s'achÚve dimanche 6 mars et malgré la joie des retrouvailles avec le public, la situation à l'Est de l'Europe provoque l'inquiétude dans tout le secteur agricole.

franceinfo : Qu'est-ce que vous attendez du plan de résilience présenté par le gouvernement dans les prochains jours ?

Christiane Lambert : Le gouvernement et le prĂ©sident de la RĂ©publique ont pris la mesure de la gravitĂ© de la situation. Le prĂ©sident a prononcĂ© Ă  douze reprises le mot ‘souveraineté’ samedi. C'est dire s'il y a inquiĂ©tude quant Ă  la capacitĂ© Ă  maintenir l'alimentation mais surtout les prix dans notre pays. Il n'y aura pas de pĂ©nurie certes, mais il y aura des augmentations de prix certainement. Les engrais ont augmentĂ© de 138% l'annĂ©e derniĂšre et ça va continuer, les carburants ont augmentĂ© de 55%, l'alimentation du bĂ©tail de 20% : tout cela concourt Ă  des hausses importantes de charges pour les agriculteurs.

Dans d'autres pays, c'est plus grave encore puisque ce sont des pĂ©nuries qui s'annoncent, comme en Egypte qui dĂ©pend Ă  50% du blĂ© russe, oĂč en Turquie Ă  70% et bon nombre de pays d’Afrique Ă©galement. En Ukraine, c'est toute la logistique qui est dĂ©sormais perturbĂ©e. C'est un trĂšs grand pays agricole avec des plaines Ă  cĂ©rĂ©ales trĂšs riches mais la destruction des routes, des ponts, des ports, des silos et des fermes fait qu'il n'y aura pas la rĂ©colte habituelle cette annĂ©e.

Que demandez-vous au gouvernement ?

Nous demandons donc un accompagnement pour maintenir les entreprises agricoles à flot avec des aides de trésorerie pour soutenir les capacités de payer nos salariés, de faire fonctionner nos outils, de continuer à investir. Ce sont aussi des mécanismes au plus long terme de stock stratégique de céréales à maintenir et financer. Nous avions perdu l'habitude de cela, il faut se dire aujourd'hui que nous sommes dans une situation exceptionnelle. C'est pour cela que je parle d'effort de guerre.

Quelles sont les grands axes d'une politique de souveraineté alimentaire, selon vous ?

30% du blĂ© mondial est bloquĂ© Ă  l'Est aujourd'hui, c'est Ă©norme. Il faut que l'Europe produise plus pour compenser au maximum ces pertes. La Russie a menacĂ© hier de ne pas livrer les engrais. Poutine et la Russie ont construit la souverainetĂ© alimentaire et Ă©nergĂ©tique : ils sont aujourd'hui les maĂźtres du monde dans le domaine. C'est ça qui est prĂ©occupant et il y a probablement eu beaucoup de naĂŻvetĂ© de la part de notre pays. L'annĂ©e derniĂšre l'Union europĂ©enne a prĂ©sentĂ© un plan qui vise Ă  retirer 10% des terres de la production au nom de l'environnement. Nous, nous prĂ©tendons qu'on peut faire et de la nourriture et de l'environnement en mĂȘme temps mais qu'il faut absolument cultiver toutes les terres disponibles mais aussi qu’il y ait du lissage des prix des cĂ©rĂ©ales. Cette annĂ©e nous devrions laisser en non-production 4% de nos sols. Je crois qu'il est possible de mettre en place ces cultures, ça Ă©vitera une flambĂ©e supplĂ©mentaire. La Commission europĂ©enne doit s'exprimer sur le sujet mardi 8 mars.

Quel bilan faites-vous à la fin de ce salon de l'agriculture ?

C'Ă©tait un salon impressionnant : le nombre de visiteurs, les sourires, la curiositĂ©, l'intĂ©rĂȘt de la population pour l'agriculture. Beaucoup de jeunes qui nous demandent de parrainer des opĂ©rations, qui veulent lancer des start-up, qui s'intĂ©ressent Ă  l'innovation et aux mĂ©tiers de l'agriculture. Et puis ça a Ă©tĂ© un succĂšs pour les dĂ©gustations : le samedi les exposants ont vendu tout le stock prĂ©vu jusqu'au mercredi. C'est le meilleur rĂ©confort dont ont besoin les agriculteurs.

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