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Guerre en Ukraine : qu'est-ce que l'article 5 du traité de l'Otan que la Pologne pourrait invoquer après l'explosion d'un missile sur son territoire ?

L'armée polonaise est en état d'alerte renforcée après la chute d'un missile, dont l'origine reste inconnue, dans un village du sud-est du pays, près de la frontière avec l'Ukraine, le 15 novembre.

Article rédigé par franceinfo
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Le chef de la Sécurité nationale en Pologne, Jacek Siewiera, et le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller, le 15 novembre 2022, à Varsovie (Pologne). (JANEK SKARZYNSKI / AFP)

Dans le village de Przewodow où est tombé le missile, les forces de l'ordre ont bloqué l'accès au point de chute et forment un barrage autour de la zone ce mercredi. Et autant de questions qui se posent : d'où vient ce missile ? Qui l'a tiré ? Et pourquoi la Pologne ? 

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L'armée polonaise a été placé en état d'alerte renforcée après la chute de ce missile, probablement de fabrication russe mais dont l'origine reste toujours inconnue, dans ce village du sud-est du pays, près de la frontière avec l'Ukraine. Le président polonais Andrzej Duda a souligné qu'il n'y avait à ce stade pas de "preuve univoque" sur l'origine du tir du missile meurtrier, "Une enquête est en cours", a-t-il relevé, affirmant qu'il s'agissait d'un incident "isolé".

Le chef de l'Otan Jens Stoltenberg doit tenir mercredi une "réunion d'urgence" avec les ambassadeurs de l'Alliance. "Les alliés se consultent étroitement" a-t-il ainsi tweeté dès mardi soir.  Il est "absolument essentiel d'éviter l'escalade de la guerre en Ukraine", a exhorté le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres qui a réclamé une "enquête approfondie" sur le tir.

Et pour cause : la Pologne, qui partage une frontière avec l'Ukraine, envahie le 24 février par la Russie, est membre de l'Otan depuis 1999 et quelque 10.000 militaires américains se trouvent dans le pays. Varsovie peut donc invoquer l’article 4 du Traité de l'Atlantique nord qui prévoit des consultations renforcées de ses membres si l’un deux estime que son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité est menacée. Cet article a déjà été invoqué au tout début de la guerre en Ukraine par un groupe d’Etats inquiets dont les pays Baltes, la Roumanie et déjà la Pologne. Son activation peut aussi, à l’issue de ces concertations, aboutir à un soutien militaire défensif renforcé comme cela s’est fait dans le passé pour la Turquie. Ankara avait obtenu le déploiement de moyens de défense contre les missiles et les armes chimiques et biologiques lors de la guerre en Syrie.

Que prévoit l'article 5 du traité de l'Otan ?

L'invocation de l'article 4 est une étape intermédiaire avant l’article 5 : celui qui active une défense collective si un État est attaqué. En effet, l'article 5 du traité de l'Alliance atlantique affirme que si un État membre est victime d'une attaque armée, les autres considéreront cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l'ensemble des membres et prendront les mesures jugées nécessaires pour venir en aide au pays attaqué. 

Si une attaque d'origine russe était confirmée, cela constituerait de fait une aggravation sérieuse du conflit en Ukraine. Par ailleurs, ce tir est intervenu au soir d'une journée marquée par une intense campagne de bombardement russe sur les infrastructures ukrainiennes, qualifiée par le président Zelensky de "gifle au visage du G20". Ce sommet se déroule en Indonésie sans le président russe Vladimir Poutine, qui n'a pas même souhaité s'y exprimer par visioconférence. Ces frappes, qui ont fait au moins un mort à Kiev, ont entraîné des coupures de courant généralisées en Ukraine et jusque dans la Moldavie voisine.

Néanmoins, nous n’en sommes pas là. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié la frappe de missile de "message de la Russie adressé au sommet du G20" en cours en Indonésie. La Russie a dit n'avoir "rien à voir" dans l'incident, assurant mercredi que le missile avait "sans équivoque" été tiré par un système de défense S-300 des forces ukrainiennes. "Les frappes de haute précision n'ont été menées que sur le territoire de l'Ukraine à une distance supérieure à 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise", a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Les débris retrouvés en Pologne "ont été identifiés de manière catégorique par des spécialistes russes (...) comme un élément d'un missile guidé antiaérien des systèmes de défense antiaérienne S-300 des forces armées ukrainiennes", a-t-il ajouté. 

Dans la plupart des capitales européennes, la prudence reste de mise. Reste que la tension est palpable : la Lituanie et la Lettonie se disent ainsi "préoccupées", certains Etats européens comme la République Tchèque disent redouter "une escalade".



Seule la Hongrie a réuni un conseil de défense. Paris, Berlin, Rome attendent des éclaircissements tout en exprimant leur soutien à Varsovie, à l'image de la Finlande, dont le président a estimé sur Twitter qu’obtenir des informations précises et confirmées était d’une "importance primordiale". 

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