Guerre en Ukraine : pourquoi Kiev s'attend à ce que la Russie poursuive son offensive jusqu'à la ville de Kharkiv

Les combats s'intensifient dans le nord-est de l'Ukraine après le lancement de l'offensive russe, le 10 mai. Moscou revendique la prise d'une douzaine de villages de la région en une semaine.
Article rédigé par Thibaud Le Meneec - avec AFP
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Des habitants regardent le ciel après un bombardement russe sur la ville de Kharkiv, en Ukraine, le 17 mai 2024. (NARCISO CONTRERAS / ANADOLU / AFP)

Depuis le 10 mai, Moscou mène un assaut d'ampleur dans la région de Kharkiv, près de la frontière entre l'Ukraine et la Russie. Auprès de l'AFP, vendredi 17 mai, Volodymyr Zelensky a dit s'attendre à une prolongation de cette offensive dans le nord et dans l'est du pays. "Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça, c'est leur première vague", a assuré vendredi le président ukrainien, à propos des plus grands gains territoriaux de la Russie depuis fin 2022.

De quoi seront constituées les prochaines vagues de l'offensive russe dans la région ? S'il estime que la Russie n'a pas les forces pour lancer une offensive terrestre contre Kiev, la capitale, Volodymyr Zelensky assure que le Kremlin veut attaquer Kharkiv, la deuxième ville du pays. "Ils le veulent, ils veulent attaquer", a-t-il prévenu.

Cette agglomération est située à seulement quelques dizaines de kilomètres du front, au nord-est de l'Ukraine. Vendredi, en marge d'une visite d'Etat en Chine, Vladimir Poutine a assuré que la Russie ne comptait pas à ce jour s'attaquer à Kharkiv. "Nous n'avons pas ce projet à l'heure actuelle", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. 

Une offensive sur deux axes

L'avancée des troupes russes se poursuit toutefois inexorablement dans la région depuis le 10 mai. Vendredi, la Russie a revendiqué la prise de 12 villages ukrainiens dans ce secteur. Le même jour, Kiev a assuré que les forces russes étaient en train de détruire la ville de Vovtchansk, au nord-est de Kharkiv, qui compte environ 20 000 habitants.

La prise d'une autre localité a été revendiquée de la région par les Russes, samedi. "Les unités du groupement du nord ont libéré le village de Staritsa dans la région de Kharkiv et poursuivent leur avancée en profondeur des positions défensives de l'ennemi", a commenté le ministère de la Défense russe. Staritsa est une localité située à une quinzaine de kilomètres de Vovtchansk et à approximativement 45 km de l'entrée de Kharkiv. 

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur second axe d'assaut dans la région. Elles visent le village de Luk'yantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité à une vingtaine de kilomètres de l'entrée de Kharkiv.

"Les hostilités continuent à Luk'yantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essaient encore de la tenir", a affirmé vendredi matin le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov. Face à cette offensive russe, l'Ukraine a procédé à l'évacuation de près de 10 000 personnes dans la région depuis le 10 mai, a ajouté Oleg Synegoubov.

Selon le gouverneur régional, "dans la direction de Kharkiv, il y a eu deux tentatives ennemies pour percer la défense de nos troupes en direction de Hlyboke-Lyptsi et Bugruvatka-Staritsa". "La situation est sous contrôle des forces de défense", a-t-il assuré sur Telegram, samedi.

Le risque de "percées" russes

Malgré les dénégations du Kremlin, l'Ukraine se prépare donc à une bataille cruciale pour défendre Kharkiv, ville industrielle d'environ 1,1 million d'habitants. Dans son entretien à l'AFP, Volodymyr Zelensky a assuré que la bataille pour le contrôle de la cité, si elle avait lieu, serait rude pour l'armée russe. "Ils comprennent que c'est une bataille difficile. C'est une grande ville et ils comprennent qu'on a des forces et qu'elles combattront longtemps".

En attendant de s'en rapprocher, Moscou a de nouveau bombardé la ville, vendredi. Des frappes ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni dans la soirée par le maire, Igor Terekhov.

Moscou avait déjà échoué à prendre cette ville hautement stratégique lors de la première année de la guerre. Les forces russes étaient parvenues à s'avancer jusqu'aux portes de la métropole, en février 2022, avant que l'Ukraine parvienne, en septembre de la même année, à faire reculer l'adversaire au terme d'une rapide contre-offensive. Le front s'était alors sédimenté plus à l'est du pays.   

Le défi de l'acheminement de l'aide occidentale

Pour tenter de repousser les forces russes, près de deux ans plus tard, l'Ukraine a de nouveau appelé les capitales occidentales à lui fournir de l'aide, en regrettant la lenteur de l'acheminement du matériel. Le déploiement de nouvelles livraisons d'armes occidentales pourrait prendre encore des mois durant lesquels il y a un risque de "percées" russes dans certains secteurs, a déclaré Volodymyr Zelensky auprès de l'AFP.

"La Russie est forte et nous souffrons d'un manque d'assistance militaire que nous devons compenser avec l'héroïsme et le sacrifice de nos soldats", a martelé le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, lors d'une visioconférence à Tallinn, en Estonie, samedi. Dans le même temps, Kiev peine à mobiliser de nouveaux soldats pour aider une armée fatiguée, ce dont pourrait profiter Moscou.

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