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Guerre en Ukraine : les psychothérapeutes des rescapés d'Azovstal décrivent des personnes "traumatisées", "mutiques" et "en détresse"

Les feme, ce smes, les enfants et les personnes âgées ont pu être évacués de l'usine Azovstal de Marioupol, en Ukrainamedi. franceinfo a pu rencontrer les deux psychothérapeutes qui suivent les rescapés de l'usine.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Dehimi et Eric Audra
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un groupe d'une cinquantaine de femmes, enfants et personnes âgées a pu être évacué de l'aciérie ce samedi.  (ALESSANDRO GUERRA / EPA)

"Ils sont traumatisés...": le mot est celui de Valéry. Depuis quelques jours, le psychothérapeute ukrainien, basé dans la ville de Zaporijia, assure un suivi psychologique des premiers évacués de l'usine Azovstal de Marioupol. Samedi 7 mai, un groupe de cinquante personnes, composé de femmes, enfants et personnes âgées, a pu, à son tour, être évacué de l'aciérie, dernière poche de résistance des forces ukrainiennes face à l'armée russe dans la ville dévastée de Marioupol. 

>> "La propagande russe leur raconte qu’ils ont été abandonnés" : les évacués d'Azovstal à Marioupol retrouvent leur liberté

Selon le scénario de la première vague d’évacuation, les civils sont isolés environ trois jours dans des tentes et fouillés par l’armée russe avant de se rendre en bus vers la ville de Zaporijia, hors des positions russes. C'est dans cette ville qu'Azovstal a installé une cellule médico-psychologique à Zaporijia avec deux psychothérapeutes. 

Mutisme, diarrhées et troubles anxieux

Quand les rescapés d’Azovstal sont arrivés ici, ils n’avaient pas conscience de leur détresse psychologique. Marina, psychothérapeute, a commencé par les rassurer : "Ils sont arrivés avec énormément de stress, décrit-elle. Au début, c’est moi qui leur ai parlé, je les ai mis dans de bonnes dispositions. Après, ils ont pu communiquer...

Parmi ces rescapés, beaucoup souffrent de troubles psychologiques et physiques graves. La psychothérapeute évoque notamment un homme qui ne parvient plus à parler et qui est pris de violentes diarrhées. "Cet homme était en état de stress permanent parce qu’il devait quitter son abri tous les deux jours pour aller chercher de l’eau dans un autre atelier et il devait traverser des zones bombardées constamment", explique-t-elle.

"Dans ces moments-là, votre corps reste en alerte, tout se relâche et vous avez des problèmes très sérieux."

Marine, psychothérapeute

à franceinfo

Parmi les évacués, beaucoup de femmes, d’enfants et d’adolescents, comme cette jeune fille de 13 ans restée enfermée 65 jours avec sa mère. À Marina, elle a assuré qu'elle ne reviendra plus jamais à Marioupol : "Elle m’a dit qu'elle voulait couper tout lien avec la ville de la mort. Ça m’a tellement frappée... Je sais qu'à cet âge-là, quand on prend une telle décision, on revient rarement dessus.

"Capituler n'est pas une option" 

Les rescapés viennent également pour chercher des médicaments mais, selon Valéry, la prise en charge psychologique doit aussi être immédiate : "Nous travaillons avec des gens traumatisés car presque tous ont perdu des proches ou leur maison", décrit-il. Physiquement, ils sont ici avec moi mais mentalement, ils sont toujours là-bas.

"Capituler n'est pas une option car notre vie n'intéresse pas la Russie", a déclaré dimanche Ilya Samoïlenko, un des représentants des forces armées ukrainiennes qui sont toujours bloquées dans l'usine. 

À la rencontre des psychothérapeutes des rescapés d'Azovstal : le reportage de Mathilde Dehimi

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