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Guerre en Ukraine : le président du Conseil européen parle d'"horreur absolue" et attend que "la justice internationale qualifie les crimes commis"

"L'impunité ne peut pas être une option", martèle Charles Michel. "Vladimir Poutine a pensé qu'en déclenchant une guerre, il se projetait en maître de l'Ukraine et en maître de la région. Il faut le faire échouer et il faut pour cela changer le rapport de force", appelle-t-il tout en exposant la complexité de la situation.

Article rédigé par franceinfo
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Charles Michel, président du Conseil européen, le 11 mars 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Charles Michel, président du Conseil européen, estime sur franceinfo jeudi 17 mars que le bombardement d'un théâtre à Marioupol, en Ukraine, où s'étaient réfugiés un millier d'habitant, "est l'horreur absolue [...] la justice internationale devra qualifier les crimes commis".

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franceinfo : Le théâtre de Marioupol, où s'abritaient des habitants, a été bombardé : est-ce un potentiel crime de guerre ?

Charles Michel : C'est l'horreur absolue. Effectivement, je pense que la justice internationale devra faire la lumière, parce que l'impunité ne peut pas être une option. S'il y a un droit international, il faut qu'il y ait une justice qui fonctionne. C'est le sens de l'engagement de l'Union européenne : soutenir de façon maximale l'Ukraine parce que, jour après jour, nous sommes absolument choqués, horrifiés par ces crimes qui sont commis avec des civils pris pour cible, y compris des enfants. C'est la justice internationale qui devra qualifier les crimes qui sont commis, mais sans aucun doute, il y a la nécessité de faire en sorte que l'impunité ne soit pas possible.

Volodymyr Zelensky a lancé un nouvel appel à l'aide devant le Congrès américain hier : est-ce que vous l'entendez ? Êtes-vous prêts à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne ?

C'est très légitime parce que nous voyons bien que la situation est tout à fait désastreuse. Nous sommes impressionnés par la résistance de l'armée ukrainienne, par le courage du président lui-même avec qui nous sommes en contact chaque jour. En même temps, c'est une décision qui doit être prise par l'Otan [ndlr : qui a déjà dit non]. L'Otan a cette impression qu'il y a un risque, à partir du moment où il y a une mobilisation dans le ciel ukrainien, que cela soit perçu comme une entrée en guerre. Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, la Russie a déclenché une guerre contre l'Ukraine.

"Tous les efforts doivent être mobilisés pour stopper cette guerre, pour avoir un cessez-le-feu le plus rapidement possible, et pas pour aggraver le conflit. C'est là que se situe cette espèce de dilemme extrêmement déchirant."

Charles Michel, président du Conseil européen

à franceinfo

Nous sommes tous touchés émotionnellement, on a le désir de pouvoir soutenir davantage encore, au maximum des possibilités, tout en évitant qu'il y ait une aggravation du conflit.

En quoi consistent les livraisons d'armes à l'Ukraine par l'Europe ?

C'est une première dans l'histoire de l'Union européenne. Nous avons décidé très rapidement, à la demande du président Volodymyr Zelensky, de coordonner ces livraisons d'armes. L'Union européenne a débloqué une première tranche de 500 millions d'euros et les livraisons sont d'ores et déjà effectives. Nous avons décidé à Versailles, il y a quelques jours, d'augmenter avec 500 millions d'euros supplémentaires. Cela fera au total un milliard d'euros mobilisé, et cela s'ajoute aux efforts de soutien que beaucoup d'États membres européens ont décidé également.
Il s'agit de capacités militaires défensives afin de soutenir la résistance ukrainienne. Beaucoup imaginaient que très rapidement l'Ukraine serait dans les mains de Vladimir Poutine. Ce n'est pas ce qui se passe. Les Ukrainiens résistent. Vladimir Poutine pensait que l'Union européenne et nos alliés ne seraient pas en capacité d'être unis ni de réagir fermement. Ce n'est pas ce qui se passe. Nous sommes très unis et nous réagissons extrêmement dures, qui ont un impact. L'addition de la résistance ukrainienne, plus les sanctions très dures qui sont prises, c'est une pression très forte sur le régime du Kremlin.

Ces sanctions et cette résistance commencent-elles à faire évoluer Vladimir Poutine ?

C'est évidemment très, très étroit, mais il y a effectivement des espaces qui commencent à s'ouvrir pour une négociation ou une discussion. C'est très difficile parce que nous sommes tous scandalisés par le choix de déclencher une guerre brutale et sauvage par Vladimir Poutine, mais en même temps, c'est lui qui est assis dans le fauteuil du Kremlin. C'est avec lui que l'on doit engager les sujets humanitaires, par exemple, mais aussi discuter des éléments qui pourraient peut être, nous l'espérons, conduire à un cessez-le-feu, voire à une solution. D'un autre côté, on voit bien que les Ukrainiens sont engagés en pourparlers directs avec la Russie. Nous sommes extrêmement impliqués. Nous soutenons évidemment les Ukrainiens autant qu'il est possible. Lorsque moi-même ou d'autres, comme le président français Emmanuel Macron, sommes en contact avec Vladimir Poutine, c'est aussi pour soutenir ces espaces de discussion sur les volets humanitaires, sur la sécurité des centrales nucléaires, ou encore pour essayer d'ouvrir les discussions. On plaide afin de faire bouger les lignes sur les éléments qui doivent être traités, c'est-à-dire les garanties de sécurité, les questions liées aux territoires, pour obtenir un cessez-le-feu.

Une cinquième salve de sanctions européennes est-elle envisageable ?

Nous sommes préparés pour les différentes options. Avec cette quatrième salve de sanctions, systématiquement, nous avons été capables d'être unis, rapides et fermes. On voit bien que le régime [russe] est très directement affecté. Encore il y a quelques heures, les décisions juridiques qui visent à ajouter des individus supplémentaires aux listes [noires], à étendre au secteur de l'acier les sanctions, ou encore à élargir les sanctions financières pour les entreprises russes, tout ça a un impact et ça fait pression sur le régime. Ce qu'il faut faire, c'est changer le rapport de force. Vladimir Poutine a pensé qu'en déclenchant une guerre, il se projetait en maître de l'Ukraine et en maître de la région. Il faut le faire échouer et il faut pour cela changer le rapport de force grâce aux sanctions et à la résistance ukrainienne.

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