Cet article date de plus de deux ans.

Guerre en Ukraine : la France craint l'arrêt des livraisons russes d'alumine et ses répercussions pour l'industrie

La Russie fournit 80% des besoins français en alumine. Avec la guerre en Ukraine, les industriels redoutent l'effet des sanctions économiques européennes ou de mesures de rétorsions russes. 

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un employé d'Aluminum Dunkerque travaille à Loon-Plage, dans le nord de la France, le 21 janvier 2022.  (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Pour fabriquer de l'aluminium, les usines françaises ont besoin d'alumine : 800 000 à 900 000 tonnes par an. Pour des raisons environnementales, la France a décidé récemment de ne plus produire cette poudre blanche, extraite de la bauxite. L'intégralité des achats sont donc effectués à l'étranger. Le fournisseur quasiment exclusif est Rusal, le géant russe de l'aluminium, qui pourvoit à 80% des besoins tricolores, depuis une raffinerie d'alumine basée en Irlande.

>> Guerre en Ukraine : suivez les dernières informations dans notre direct

Avec la guerre en Ukraine, la crainte, c'est que les livraisons d'alumine s'arrêtent en cas de sanctions européennes, américaines ou de mesures de rétorsion russes. Les conséquences seraient importantes. "Une usine d'aluminium primaire, ça tourne 24 heures sur 24, sept jours sur sept, c'est une usine à feu continu, explique Cyrille Mounier d'Aluminium France. On ne peut pas l'arrêter. Si jamais on l'arrête, on casse l'usine et on perd notre souveraineté nationale en production d'aluminium".

Impact sur le prix de l'aluminium

En cas de force majeure, les usines françaises peuvent tenir deux mois et se tourner vers d'autres fournisseurs d'alumine, avec l'aide du gouvernement. Il existe enfin d'autres sources d'approvisionnement, en Chine, en Jamaïque, en Espagne. "Ce sera très compliqué", mais on arrivera à se retourner, affirme Aluminium France.

Mais toute baisse de production aura aussi une incidence sur les cours de l'aluminium, déjà au plus haut. Avec des répercussions pour les filières grandes consommatrices de ce métal léger : automobile, aéronautique, défense, emballage, ou bâtiment. 

Tensions sur le titane et les platinoïdes

Au-delà de l'alumine, deux autres familles de métaux stratégiques pourraient poser problème. Il y a le titane, très utilisé dans l'aéronautique, pour la fabrication des moteurs ou des fuselages d'avions. La Russie est le premier fournisseur au monde. Et a donc de très gros client en Europe et en France. Là aussi, il existe des réserves. Et des fournisseurs alternatifs, encore faut-il que la qualité soit équivalente, les prix abordables et les stocks disponibles, explique un spécialiste de l'industrie. C'est un sujet de tension alors que l'aéronautique est en plein redémarrage.

Enfin, il y a la famille des platinoïdes : iridium, ruthénium, rhodium, palladium, osmium, et platine. Ces métaux, très rares sur la planète, sont utilisés notamment dans les pots d'échappement des voitures, dans les piles à combustible ou l'électronique. La France se fournit notamment en Russie, mais peut se retourner vers l'Afrique du Sud, qui est le premier producteur mondial de platinoïdes.
La ministre de l'Industrie a reçu l'ensemble des 19 filières industrielles. Elles seront épaulées pour trouver de nouveaux fournisseurs, a promis Emmanuel Macron.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.