Guerre en Ukraine : ce que l'on sait du crash d'un hélicoptère près de Kiev, qui a coûté la vie au ministre de l'Intérieur
Une nouvelle tragédie sur le sol ukrainien, quelques jours après la frappe meurtrière à Dnipro. Le ministre de l'Intérieur ukrainien, Denys Monastyrsky, a été tué, mercredi 18 janvier près de Kiev, dans le crash de son hélicoptère, alors que l'appareil se rendait sur la ligne de front.
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Le dernier bilan, communiqué par le conseiller présidentiel ukrainien Kirill Timochenko sur Telegram (article en ukrainien), fait état de 14 morts, dont un mineur. Le Service d'Etat pour les situations d'urgence ajoute qu'il y a également 25 personnes blessées, parmi lesquelles 11 enfants. Voici ce que l'on sait pour l'heure de l'accident.
Le ministre de l'Intérieur, son adjoint, et un secrétaire d'Etat tués dans le crash
L'hélicoptère qui s'est écrasé mercredi matin à Brovary près d'une école maternelle et d'un immeuble résidentiel dans cette ville de 100 000 habitants. Les neuf personnes qui se trouvaient à bord de l'appareil sont mortes. Parmi eux, trois membres d'équipage et six membres du ministère de l'Intérieur. Le ministre, Denys Monastyrsky, son adjoint, Yevgeny Yenin, et le secrétaire d'Etat du ministère, Yuri Lubkovich, figurent parmi les victimes.
Denys Monastyrsky, âgé de 42 ans, était en poste depuis juillet 2021. Il était devenu en 2019 député à la Rada, le Parlement ukrainien, sous l'étiquette du parti présidentiel, Serviteur du peuple.
Le chef de la police nationale ukrainienne, Ihor Klymenko, va exercer l'intérim à la tête du ministère de l'Intérieur. Le candidat à la succession fera l'objet d'un vote au Parlement avant sa nomination officielle, a annoncé le Premier ministre, Denys Chmyhal sur Telegram (contenu en ukrainien).
De nombreuses victimes au sol, dont plusieurs enfants d'une école maternelle
Au moment de l'accident, "des enfants et des employés" de l'école maternelle se trouvaient à proximité, a annoncé Oleksiï Kouleba, gouverneur de la région, sur Telegram. Les autres victimes se trouvaient dans l'établissement, a expliqué le conseiller présidentiel, Kirill Timochenko, lors d'un point-presse en fin de matinée.
Un incendie s'est déclaré après le crash de l'hélicoptère, sur près de 500 m2, endommageant notamment un bâtiment de l'école maternelle, ont précisé les services nationaux d'urgence ukrainiens sur Telegram. Pas moins de 127 personnes et 30 véhicules ont été mobilisées dans les opérations de secours et des psychologues sont également intervenus sur les lieux. Le feu a été éteint une vingtaine de minutes plus tard.
L'hélicoptère se rendait sur le front
"Le but de ce vol [était d'aller] vers l'un des points chauds de notre pays où se déroulent les combats. Le ministre de l'Intérieur s'y rendait", a expliqué Kirill Timochenko.
Selon Yuriy Ignat, le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne, il s'agissait d'un hélicoptère Aérospatiale AS.332 Super Puma de fabrication française. D'après le service d'Etat pour les situations d'urgence, organisme qui dépend du ministère de l'Intérieur et à qui l'appareil appartenait, c'était un Super Puma EC-225 (Airbus Helicopters, ex-Eurocopter).
Les circonstances du crash restent à établir
A ce stade, les causes de l'accident ne sont pas encore établies. "Nous étudions toutes les pistes possibles. L'enquête préliminaire a été confiée aux enquêteurs des services de sécurité [les services secrets]", a déclaré dans un communiqué le procureur général ukrainien, Andriy Kostin.
L'enquête prendra un certain temps, a affirmé un porte-parole de l'armée de l'air, sur les ondes de la télévision nationale. "Je pense qu'une commission d'Etat sera créée. Elle comprendra divers experts de l'aviation. Ils enquêteront sur les causes et les facteurs" qui ont entraîné le crash.
Les autorités ont appelé les éventuels témoins à contacter rapidement la police, afin de faire progresser l'enquête. Une enquête pénale a également été ouverte. Les Services de sécurité ukrainiens ont expliqué envisager toutes les pistes, y compris une "action délibérée de destruction". "Qu'il s'agisse d'un sabotage, d'un dysfonctionnement de l'équipement ou d'une violation des règles de sécurité des vols, nous le saurons bientôt", a écrit sur Telegram (contenu en ukrainien) Anton Gerashchenko, conseiller du ministre de l'Intérieur du Ukraine.
Contacté par les autorités locales ukrainiennes, le Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) français attend de savoir si le Super Puma accidenté à Brovary (Ukraine) est un appareil militaire ou non. L'autorité française annonce à franceinfo qu'elle participera à l'enquête s'il s'agit d'un hélicoptère civil.
L'Ukraine et l'UE déplorent une "tragédie"
"La douleur est indicible", a réagi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, évoquant une "terrible tragédie". Son Premier ministre, Denys Chmygal, a déploré "une grande perte pour le gouvernement et tout l'Etat".
En Europe, le président du Conseil européen, Charles Michel, a regretté la perte d'"un grand ami de l'UE" au sujet de Denys Monastyrsky. Il a également exprimé ses "plus sincères condoléances" au peuple ukrainien.
De son côté, Emmanuel Macron s'est dit "attristé par la mort tragique" du ministre de l'Intérieur ukrainien. "Pensées pour toutes les victimes de ce terrible événement survenu à proximité d'une école maternelle, pour les enfants et les familles", a-t-il écrit sur Twitter. La Russie n'a pour l'heure fait aucun commentaire.
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