Guerre en Ukraine : "Attaquer une centrale nucléaire, c'est considéré comme crime de guerre", explique un expert énergie
Nicolas Golberg rappelle que "la raison des accidents nucléaires qu'on a connus, Tchernobyl et Fukushima, n'était pas que les réacteurs nucléaires étaient vieux".
Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting, explique sur franceinfo vendredi 4 mars après-midi que, si les réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijia en Ukraine sont "très différents de Tchernobyl", le fait "d'attaquer une centrale nucléaire est grave, c'est considéré comme crime de guerre".
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franceinfo : Dans quel état est le parc nucléaire ukrainien, notamment la centrale de Zaporijia visée par les Russes ?
Nicolas Goldberg : Il faut noter que ce sont des réacteurs très différents de Tchernobyl. Il y a des enceintes de confinement, des réacteurs à eau pressurisée qui se rapprochent plus de ceux qu'on a sur le parc français. Quand j'entends qu'on est potentiellement face à un nouveau Tchernobyl, alors qu'on a juste un incendie dans un bâtiment administratif, je me dis que nous devons mettre un peu plus de recul et de rationalité dans tout ça. On est dans une communication de guerre, on peut sur-réagir à l'émotion. Comme elle tourne et que l'Autorité de sûreté en Ukraine les a autorisés à être exploitées, il n'y a pas de raison de penser que cette centrale soit en mauvais état. Je veux rappeler que la raison des accidents nucléaires qu'on a connus, Tchernobyl et Fukushima, n'était pas que les réacteurs nucléaires étaient vieux. Tchernobyl était un réacteur quasi neuf, ils ont voulu faire des tests de sûreté en retirant les sécurités une à une, pour s'apercevoir finalement qu'elles servaient à quelque chose.
Si des tirs touchent l'un des réacteurs, quel est le risque ?
C'est difficile à dire. Cela dépend comment le réacteur est touché, s'il est noyé ou pas. Il y a quand même de fortes chances pour que ce qu'on risque plus ce soit des fuites radioactives et que l'événement soit circonscrit. Si vous prenez par exemple la catastrophe de Fukushima, il faut rappeler qu'il y avait eu un tremblement de terre qui avait fait 20 000 morts, et une zone d'évacuation autour de la centrale avant que les gens puissent revenir petit à petit. Il n'y a pas eu d'excès de cancer ou de morts dus à la radioactivité autour de Fukushima.
Que représentent ces bombardements sur une centrale nucléaire ?
L'Onu va se réunir pour statuer sur les faits à cette centrale. Attaquer une centrale nucléaire ou un barrage hydroélectrique est considéré comme un crime de guerre. Ce n'est pas un événement anodin. Si un réacteur est touché, les conséquences vont être essentiellement locales avec une zone d'évacuation autour. En revanche, ce qui s'est passé est grave, cela peut potentiellement un crime de guerre. La centrale la plus puissante du pays est actuellement contrôlée par la Russie : en temps de guerre, contrôler les routes d'accès et l'approvisionnement électrique peut témoigner d'une prise de contrôle progressive du pays. C'est surtout cela, la grande nouvelle avec la prise de cette centrale.
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