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Guerre en Ukraine : Amnesty International France pessimiste sur le couloir d'évacuation des civils de Marioupol accordé par le Kremlin

"Nous savons à quel point de nombreux précédents de cessez-le-feu ont été rompus sous de faux prétextes, de points d'évacuation bombardés", s'inquiète la présidente de l'ONG.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Marioupol, une ville portuaire et industrielle de l'oblast de Donetsk, en Ukraine sous la pression de l'offensive russe, le 20 avril 2022. (GOOGLE MAPS)

Selon Cécile Coudriou, présidente d'Amnesty International France, "on ne peut malheureusement se réjouir" de l'accord sur un couloir d'évacuation de civils à Marioupol en Ukraine. Le port stratégique semble mercredi 20 avril proche de tomber aux mains des Russes qui ont aussi intensifié leurs frappes sur l'est et le sud du pays. Jusqu'à cette annonce, aucun couloir d'évacuation n'avait été mis en place en Ukraine depuis samedi, faute d'accord avec les Russes qui ont intensifié ces derniers jours leurs frappes dans l'est de l'Ukraine.

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franceinfo : Peut-on se réjouir de l'annonce de la mise en place de ce couloir d'évacuation de civils à Marioupol ?

Cécile Coudriou : On ne peut malheureusement se réjouir. Déjà, on parle d'un accord préliminaire avec les Russes et nous savons à quel point il y a de nombreux précédents de cessez-le-feu qui ont été rompus sous de faux prétextes, de points d'évacuation qui ont été parfois bombardés. Nous espérons vivement, évidemment, que cette évacuation aura enfin lieu parce qu'elle est, ô combien, nécessaire. La situation est complètement catastrophique à Marioupol. Le manque de nourriture, d'eau potable, de soins et en effet, des personnes vulnérables, des femmes, des enfants, des personnes âgées et aussi des personnes handicapées auxquelles on pense trop peu souvent, qui ne peuvent pas évacuer facilement du tout. Nous avons du mal à espérer à 100% que ça se passera. Et même si cela se passe, il faut aussi espérer que ce ne sera pas considéré comme une sorte de monnaie d'échange. Beaucoup de pression est mise sur les derniers soldats qui sont sur place.

"Il y a une volonté de fer du Kremlin de briser cette résistance. Nous espérons aussi que ça n'augure pas de nouveaux massacres et de nouveaux crimes de guerre présumés en Ukraine."

Cécile Coudriou, présidente d'Amnesty International France

à franceinfo

Et c'est pourquoi nous sommes extrêmement vigilants.

Savez-vous combien de civils sont encore pris au piège à Marioupol ?

C'est sans doute encore au moins 200 000 personnes qui sont à Marioupol. Ce qui est important de noter aussi c'est qu'on parle de nouveau de bus, ce qui veut dire que le Comité international de la Croix-Rouge n'est pas aux manettes de l'évacuation et ça n'augure rien de bon non plus. Cela pourrait signifier que les conditions ne sont pas réunies pour que cela se passe véritablement dans les meilleures conditions possibles en termes de sécurité. Et c'est pourquoi nous espérons malgré tout que, cette fois-ci, dans la mesure où Marioupol fait l'objet de toutes les attentions, y compris de la communauté internationale, que l'évacuation pourra se faire, même si ça restera très insuffisant en termes de nombre de personnes évacuées. Mais ce serait mieux que rien. 

"Marioupol est vraiment un symbole d'une tactique de guerre qu'on peut qualifier de moyenâgeuse. Avec ce siège qui n'en finit pas, cette volonté d'affamer les populations, de les briser et de s'en prendre aux civils."

Cécile Coudriou

à franceinfo

Les derniers combattants à Marioupol lancent un appel désespéré à la communauté internationale pour les exfiltrer vers d'autres pays. Est-ce possible 

Ce serait extrêmement compliqué considérant la situation actuelle. Mais il est vrai qu'il y a eu par ailleurs des échanges de prisonniers et il vrai surtout que Vladimir Poutine cherche à faire plier cette résistance, cherche à tout prix à faire un symbole de Marioupol. Donc pour nous c'est important de rappeler à quel point il y a un droit de la guerre et que même lorsqu'on fait prisonnier des soldats, il y a aussi eu des crimes présumés de guerre puisque certains soldats sont maltraités.

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