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Comment la Russie compte se nourrir pendant l'embargo imposé à l'Occident

Moscou a décidé d'interdire, pour un an, de nombreuses importations occidentales. Le nouveau menu des habitants russes reste toutefois à définir.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une jeune Russe pousse un chariot dans un supermarché de Novossibirsk (Russie), le 7 août 2014. (ALEXANDR KRYAZHEV / RIA NOVOSTI / AFP)

La Russie peut-elle vraiment se passer des produits alimentaires occidentaux ? Moscou a annoncé, jeudi 7 août, un "embargo total" d'un an sur le bœuf, le porc, la volaille, le poisson, le fromage, le lait, les légumes et les fruits en provenance des États-Unis, de l'Union européenne, de l'Australie, du Canada et de la Norvège. Une mesure qui intervient en réponse à des sanctions occidentales liées au dossier ukrainien.

Affirmant être désormais privée de plus de 10% du porc et des fruits qu'elle consomme, la Russie doit s'organiser, afin d'éviter des rayons vides et une hausse des prix qui déstabiliserait un peu plus son économie. Francetv info revient sur les autres sources d'approvisionnement évoquées.

En boostant son marché intérieur

Les autorités russes présentent l'embargo comme une "occasion unique" pour accélérer la substitution des importations par une production locale, qui recevra une aide de l'Etat, selon l'AFP. Le ministre russe de l'Agriculture, Nikolaï Fyodorov, a également évoqué la possibilité de rediriger certaines exportations russes, notamment de poisson, vers le marché intérieur, rapporte l'agence russe Interfax (en anglais).

Oui, mais… "La substitution des importations par la production intérieure n'est rien d'autre qu'un conte de fées", estime l'économiste Igor Nikolaïev, directeur de l'Institut d'analyse stratégique FBK. Il pointe de récentes décisions du gouvernement, qui ont aggravé le fardeau fiscal des agriculteurs russes. "Vous ne construisez pas en une nuit des vergers pour remplacer 700 tonnes de pommes polonaises", abonde l'ancien ambassadeur américain en Ukraine, Steven Pifer, sur le site de Foreign Policy (en anglais).

En important des produits d'autres pays

Plusieurs pays sont déjà sur les rangs pour profiter de la situation et gonfler leurs exportations. Ainsi, les exportateurs brésiliens de viande espèrent augmenter leurs ventes à la Russie, qui vient d'autoriser des dizaines de sites brésiliens à exporter. Les autorités russes évoquent également, selon les produits, des pays comme l'Argentine, le Chili, la Turquie, Israël, l'Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan et la Biélorussie, où des responsables russes se rendront la semaine prochaine à ce sujet, rapporte l'agence Ria Novosti (en anglais).

Oui, mais… Pour exporter vers la Russie, les producteurs ont besoin d'autorisations des autorités russes, longues à obtenir. Alors que la Nouvelle-Zélande pourrait fournir davantage de fromage, une association de fromagers interrogée par Radio New Zealand (en anglais) estime que les producteurs non certifiés auront du mal à accéder au marché russe. A moins que Moscou n'assouplisse ses procédures.

En revoyant sa copie

La Russie, qui a souvent eu recours à l'arme commerciale, se sait exposée à un risque d'inflation lié à ce nouvel embargo. "On pourrait voir une hausse des prix sur ces produits de 20-30%, en particulier sur les fruits et légumes", estime l'économiste Igor Nikolaïev. Le gouvernement russe a donc laissé la porte ouverte au dialogue.

"J'espère sincèrement que le pragmatisme économique prévaudra sur les considérations politiques stupides chez nos partenaires, et qu'ils penseront à ne pas isoler ou faire peur à la Russie", a déclaré le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev. L'embargo pourra être levé si "nos partenaires font preuve d'une approche constructive", a-t-il prévenu, laissant entendre que la situation pourrait se débloquer avant le délai d'un an.

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