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Drone américain abattu en mer Noire : récupérer l'appareil, un enjeu majeur pour Moscou

Pour la Russie, s'emparer des débris de l'engin permettrait notamment de comprendre le type de renseignements que les Américains sont capables d'obtenir.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Drone américain Reaper (illustration). (TSGT. EMERSON NUNEZ/US AIR / MAXPPP)

Après le crash mardi 14 mars d'un drone d'observation américain Reaper en mer Noire, au sud de l'Ukraine, une course de vitesse est lancée pour récupérer l'appareil. Et la Russie, accusée par les États-Unis d'être responsable de la chute du drone - ce qu'elle dément -, a une longueur d'avance. 

Sur Telegram, la chaîne russe en ligne Rybar a indiqué mercredi 15 mars dans la matinée que des parties du Reaper auraient d'ores et déjà pu être récupérées par la marine russe. Selon Rybar, l'endroit où s'est crashé le drone est suffisamment proche des côtes de Crimée, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Sébastopol, pour avoir pu monter une opération de récupération dès le mardi 14 mars.

>> Chute d'un drone américain : cet accident n'est pas le premier au-dessus de la mer Noire

Des recherches jusqu'à 1 500 mètres de profondeur 

Si ces informations sont exactes, il est probable que les parties de l'engin récupéré l'aient été en surface : peut-être des éléments de voilure, comme les ailes ou flaperons, qui surnagent souvent longtemps à la surface suite au crash d'un appareil en mer. Quant à récupérer la totalité de l'épave du Reaper et ses instruments de guidage, de pilotage et surtout d'observation et d'espionnage, ce qui serait une manne pour les services de renseignements russes, ce sera sans doute beaucoup plus difficile et beaucoup plus long en fonction de l'endroit exact où est tombé le Reaper.

Dans cette zone de la mer Noire, si les fonds ne dépassent pas les 200 mètres sur quelques dizaines de kilomètres au sud-ouest de Sébastopol, ils plongent ensuite brusquement à plus de 1 500 mètres. Aller récupérer une épave à cette profondeur-là, c'est une toute autre paire de manches.  

Pour les Russes, l'intérêt de récupérer le drone est évident. Il s'agit en effet d'un appareil qui opère dans le domaine du renseignement militaire, de l'espionnage opérationnel. Il repère en temps réel et sur la durée, contrairement aux satellites par exemple, toute une collection de signaux : les signaux radio, les émissions radar... Il peut aussi collecter des images infrarouges ou optiques très précises de la Crimée, mais également des positions militaires russes, de leurs mouvements. Du renseignement, probablement au moins pour partie transmis à l'armée ukrainienne, et qui sera indispensable à celle-ci si elle entend monter une opération militaire pour reprendre la Crimée.

Washington réticent à fournir des Reaper à l'Ukraine 

Récupérer le Reaper pour les Russes serait donc une manière de savoir exactement ce que les Américains peuvent obtenir comme renseignements à leur propos, et peut-être comment ce renseignement est transmis et crypté. Même si sur ces engins, les censeurs sont généralement équipés de systèmes d'autodestruction, au cas où ils tomberaient entre des mains ennemies.

Les Ukrainiens demandent par ailleurs aux Américains de leur fournir des drones Reaper depuis mars 2022. Mais comme l'a révélé en décembre le site Politico (en anglais), Washington et en particulier le Pentagone rechignent. L'état-major américain craignant en effet qu'une de ces machines ne finisse par tomber aux mains des Russes.

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