"C'est comme un film apocalyptique" : en Ukraine, le port d'Odessa à l'arrêt après les frappes russes

Après avoir été pris pour cible par les Russes, le grand port d’Odessa, en Ukraine, qui tournait déjà au ralenti depuis le début du conflit, est désormais à l'arrêt.
Article rédigé par Hajera Mohammad - Fabien Gosset
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vue du port d'Odessa, en Ukraine, le 30 juillet 2023. (HAJERA MOHAMMAD / RADIO FRANCE)

Une semaine après les frappes russes qui l’ont visée, Odessa, la troisième ville du pays, au large de la mer Noire, panse ses plaies, lundi 31 juillet. Au-delà de sa cathédrale orthodoxe de la Transfiguration, ce sont plusieurs bâtiments historiques qu’il va falloir reconstruire. L’Unesco a d’ailleurs envoyé une équipe sur place pour évaluer les dégâts.

Le port est à l’arrêt complet

Quant au port d’Odessa, le plus grand du pays, lui aussi, a été pris pour cible par les Russes, juste après que ces derniers quittent l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Le port qui tournait déjà au ralenti depuis le début de la guerre est désormais à l’arrêt.

>> Guerre en Ukraine : après la fin de l'accord céréalier, la Russie frappe les ports et entrepôts de la région d'Odessa

Il est même impossible de s’en approcher : ses entrées sont contrôlées par des militaires et pour avoir une vue sur le port, il faut grimper sur les hauteurs d’Odessa, dans le parc Schevchenko, là où se promène Igor. Cet habitant a du mal à réaliser ce qu’il voit.

"On dirait un film apocalyptique ! C’est comme si tout le monde avait disparu… Avant, ici, il y avait plein de bateaux !"

Igor

à franceinfo

Aucun cargo, aucun navire en vue, les grues utilisées pour charger les marchandises sont à l’arrêt et au pied des silos à grains, ni camions ni employés, ce qui inquiète aussi Yasia, professeure de danse à Odessa : "Ce n’est absolument pas normal, soupire-t-elle… Avant, chaque jour, on voyait des navires de croisière, des cargos, des pétroliers… Il y avait même des excursions scolaires pour les enfants. On a vraiment peur de perdre notre port…" Yelena, elle a surtout peur de revivre ces frappes de l’ennemi en pleine nuit.

Tatiana (au centre) et ses amies Galina et Galina se promènent dans le parc Shevchenko qui surplombe le port d’Odessa. (HAJERA MOHAMMAD / RADIO FRANCE)

"C’était terrible, des nuits effrayantes, se souvient-elle. La nuit, il fallait que mon mari me prenne dans ses bras pour m’apaiser…" Et nouvelle frayeur pour Yelena quand les sirènes ont retenti dans la nuit de dimanche à Odessa, nouvelle alerte finalement levée quelques minutes plus tard : aucun missile n’a frappé la ville ni son port.

Tous les ports ukrainiens sont visés par les frappes

L’Ukraine ne peut pas compter sur ses autres ports pour faire partir ses céréales car tous les ports ukrainiens qui donnent sur la mer Noire sont visés par des frappes russes, ces derniers jours : Odessa mais aussi le port de Tchornomorsk et celui d’Izmaïl, plus au Sud. Même le petit port fluvial de Reni sur le Danube a été attaqué. Restent les trains et les camions, mais là, ce sont les pays voisins qui bloquent : Pologne, Slovaquie, Bulgarie, Hongrie et Roumanie.

Depuis mi-avril, ils autorisent le transit des céréales ukrainiennes mais pas leur commercialisation sur leur territoire pour ne pas faire chuter les prix chez eux et ne pas mettre en difficulté leurs agriculteurs. Des restrictions qui pourraient être prolongées jusqu’au mois de septembre, ce qui scandalise le président ukrainien. Ce serait "inacceptable et franchement anti-européen", estime Volodymyr Zelensky.

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