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AVANT/APRES. Guerre en Ukraine : visualisez grâce aux images satellite comment les coupures d'électricité plongent le pays dans le noir

Article rédigé par Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min

La Russie vise les infrastructures électriques ukrainiennes, rendant les nuits de plus en plus sombres dans des zones urbaines habituellement éclairées. Le phénomène est visible depuis l'espace.

Le Kremlin mène une guerre de l'énergie, l'Ukraine plonge dans le noir. Neuf mois après le début de la guerre, et alors que le thermomètre frôle 0°C, le pays est à court d'électricité. Les nuits ukrainiennes, photographiées depuis l'espace, sont de plus en plus obscures.

C'est ce que permettent de constater les images du satellite américain Suomi NPP, opéré par la Nasa. Jour après jour, à condition que le ciel ukrainien soit dégagé, il est possible de suivre l'évolution de la luminosité des villes, la nuit. Le résultat est frappant : en comparant les photos récentes avec celles de septembre 2021, la carte révèle un pays globalement plus sombre, surtout dans la moitié est du pays.

Le 25 novembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénombrait 6 millions de foyers sans électricité. C'était moitié moins que trois jours plus tôt, mercredi, lors de bombardements massifs. De Kiev à Kharkiv, en passant par Kherson et Zaporijjia, les raisons de ces coupures sont diverses : centrales électriques touchées par des bombardements russes ou déconnectées du réseau par mesure de sécurité, coupures d'électricité organisées pour économiser l'énergie, réduction volontaire de l'éclairage... Le sujet devient d'autant plus stratégique alors que l'hiver commence.

>> Lire aussi : Guerre en Ukraine : la stratégie du "chaos électrique", ou quand le Kremlin veut faire disjoncter tout un pays

Eclairage réduit pour Kiev et sa banlieue

Le 25 novembre, la région de Kiev était une des plus touchées par les coupures, avec 600 000 foyers privés d'électricité. Depuis l'espace, des images satellite datant du début du mois montraient déjà une réduction de la luminosité dans la capitale et sa banlieue.

Ces coupures sont le résultat de bombardements réguliers par l'armée russe des infrastructures électriques de la région. Même le siège d'Ukrenergo, gestionnaire national du réseau électrique, a été frappé à Kiev. Mais la baisse de la luminosité nocturne est aussi le fruit de coupures d'électricité roulantes réalisées à l'échelle du pays, et le résultat d'une sobriété énergétique érigée en vertu patriotique. Un peu plus à l'ouest, Jytomyr est aussi plongée dans l'obscurité.

Kherson plongée dans le noir

D'après des images du 23 novembre, Kherson et ses alentours étaient totalement plongés dans le noir. La région a été reprise par les Ukrainiens le 11 novembre, après huit mois d'occupations russes. Selon les autorités militaires ukrainiennes, des dizaines de techniciens s'affairaient pour rétablir les réseaux d'alimentation électrique, notamment entre Kherson et Mykolaïv. Le producteur d'électricité privé Dtek affirmait que la centrale électrique solaire de Tryfonivska était sur le point d'être relancée.

Comme ces images le montrent, à Odessa, la luminosité a été réduite, mais reste présente. D'après DiXi Group, un groupe de réflexion basé à Kiev et spécialisé dans le suivi énergétique de la guerre, la ville a tout de même été affectée par des attaques de missiles ces dernières semaines. L'alimentation en électricité et en chauffage est régulièrement perturbée.

Kharkiv éteinte, Belgorod éclairée

Dans le nord-est du pays, la situation dans la région de Kharkiv est frappante. L'ancienne capitale de l'Ukraine a été assaillie par l'armée russe dès le début de la guerre, en février, avant que les Ukrainiens regagnent du terrain au fil des mois. Mais même après ce recul, les Russes ont continué à bombarder les infrastructures de la région.

En novembre, la zone entourant Kharkiv était sujette à de nombreuses perturbations. Des lignes à haute tension ont été endommagées, tout comme des centrales électriques, selon DiXi Group. Pour équilibrer le réseau, des coupures d'électricité sont aussi organisées. Plusieurs districts de la région de Kharkiv étaient encore totalement privés de courant le 23 novembre. A 60 kilomètres de là, de l'autre côté de la frontière, la ville russe de Belgorod est totalement éclairée.

Zaporijjia et Dnipro coupées

Le long du fleuve Dniepr, qui traverse le pays du nord au sud, les villes de Zaporijjia et Dnipro, respectivement 750 000 et 966 000 habitants avant le début de la guerre, sont elles aussi plongées dans le noir. Le 23 novembre, après des attaques russes, l'opérateur local annonçait un black-out pour la totalité des habitants de la région de Zaporijjia.

La centrale nucléaire dite "de Zaporijjia", près de la ville d'Energodar, la plus grande d'Europe, est régulièrement déconnectée du réseau électrique, à cause de bombardements ou par mesure de sécurité. Son fonctionnement est d'autant plus stratégique qu'elle fournit en temps normal un quart de la production électrique nationale. Plus au sud-est, la ville de Melitopol, contrôlée par les Russes depuis le printemps, est éclairée, elle.

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