Aide à l'Ukraine : malgré le veto hongrois, l'Europe s'engage "quoi qu'il arrive" à maintenir son soutien financier

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a mis son veto à un nouveau soutien européen à l'Ukraine de 50 milliards d'euros sur quatre ans. Un veto qui a à ce stade une portée assez limitée.
Article rédigé par Angélique Bouin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, le 14 décembre 2023 à Bruxelles (Belgique). (JONAS ROOSENS / ANP MAG)

L’Ukraine va-t-elle se voir priver du soutien financier des Européens après le veto mis par le Premier ministre hongrois sur l’aide massive de 50 milliards promise aux Ukrainiens ? A l’issue de leur sommet à Bruxelles, la plupart des dirigeants de l’Union ont été rassurants. Jeudi 14 décembre, les 27 Etats membres avaient réussi à contourner l'opposition de Viktor Orban, qui n'avait finalement pas usé de son droit de veto, pour ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine. Un message politique fort salué par Kiev. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi, le Premier ministre hongrois a usé de son droit de veto, cette fois pour s'opposer à l'adoption d'un nouveau soutien budgétaire de l'UE à l'Ukraine. Ce blocage ne remet pourtant pas en question le soutien financier immédiat.

"Quoi qu’il arrive", l'UE continuera à soutenir l’Ukraine, a assuré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. "On le fera aussi longtemps que nécessaire", a indiqué de son côté le chancelier allemand Olaf Sholz. Dans une déclaration à la fois bienveillante mais ferme, le chef de l’Etat français a lui appelé le Premier ministre hongrois à se comporter "en Européen" et à ne pas prendre "en otage" les avancées politiques de l'Union. "La Hongrie a été respectée durant ce Conseil, elle a une voix portée par son Premier ministre, elle défend ses intérêts (...) Ce respect implique des responsabilités", estime Emmanuel Macron.  

Vers une solution à 26 ?

Les 27 se retrouveront en sommet extraordinaire fin janvier ou début février pour poursuivre leurs discussions budgétaires. En cas de blocage persistant, ils trouveront une solution à 26, assure-t-on à Bruxelles. D'ici là, la Commission européenne va continuer d’envoyer de l’argent à Kiev –environ un 1,5 milliard d’euros chaque mois– pour payer les salaires des fonctionnaires, par exemple, et soutenir l’effort de guerre. Une précédente négociation avait permis d’identifier et de flécher un montant suffisant pour couvrir 2024, précise un diplomate européen.

Bien sûr, tout le monde à Bruxelles aurait voulu un accord sur la révision du budget des Européens. Budget qui prévoit donc un soutien financier pour Kiev de 50 milliards d'euros sur quatre ans. Le message envoyé à Vladimir Poutine aurait été clair sur la durabilité de l’engagement financier des Européens, mais on n’y est pas parvenu. Les négociations vont se poursuivre pour tenter de convaincre Viktor Orban, seul opposant à cet accord qui requiert l’unanimité.

Un chantage aux fonds européens assumé

Le dirigeant hongrois menace de maintenir son veto s'il ne récupère pas les fonds européens, bloqués en raison de la situation de l'Etat de droit dans son pays. Après avoir tergiversé sur cette aide, expliquant qu’il était d’accord pour en débloquer une partie mais pas sur le long terme, Viktor Orban a finalement abattu ses cartes, vendredi, à la radio nationale : il assume publiquement le chantage dont il est coutumier.

Un tiers de ces fonds européens gelés pour des manquements à l’Etat de droit viennent d’être débloqués, mais cela ne lui suffit pas. Viktor Orban réclame 20 milliards d'euros de plus, le complément pour valider la révision du budget. Mais on ne "marchandera pas avec lui sur nos valeurs", ont déjà déclaré plusieurs dirigeants, qui renvoient donc la décision à un prochain sommet sans doute fin janvier.

D'ici là, les ambassadeurs, qui ont déjà bien souffert sur le compromis présenté la nuit de jeudi à vendredi, vont devoir retravailler pour trouver un compromis acceptable par Budapest. Précisons que l’aide financière à l’Ukraine s’inscrit dans une renégociation plus globale du budget pluriannuel de l’UE. Il a été négocié en 2020 pour sept ans, mais il ne suffit pas. On n’avait alors prévu ni la guerre, ni la crise énergétique. Les caisses de la Commission sont vides. Ce budget révisé prévoit aussi un surplus pour financer les nouvelles politiques migratoires et industrielles, et à ce stade tout est donc bloqué.

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