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Malte confronté à ses mutations

Malte, au carrefour des civilisations méditerranéennes, dépend pour son économie de la bonne santé de ses voisins européens. Ayant voté pour les valeurs européennes, il doit en raison de la crise, faire des efforts de restructuration.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une pièce de 1 euro géante maltaise incrustée dans une rue de La Valette, le 14 décembre 2007. (AFP/BEN BORG CARDONA)

Le 8 mars 2003, les Maltais se sont prononcés à 53,55% pour l’adhésion à l’Union européenne, qui a été officialisée le 1er mai 2004. Puis ils ont intégré l’espace Schengen, le 1er janvier 2007. Un grand pas pour ce pays.

Autre vote ayant mis Malte sur un pied d'égalité avec l'Europe, celui du référendum remporté, en 2008 par 52,67% des voix. Celui-ci a permis de divorcer à des époux «vivant séparés depuis plus de quatre ans sans espoir de réconciliation». Un choix qui a surpris, alors que le pays qui compte une église par km²,  possède une population très croyante : 98% de catholiques.

Le Parlement a suivi les électeurs et le gouvernement n’a alors pu que promulguer la loi auréolée d’une forte légitimité.

Economie, nouvelles pistes
L’économie de l'île de Malte, tirée par le tourisme, a comme autres points forts les composants électroniques, les médicaments et les services financiers (évalués à 800% du PIB) qui traitent les activités d’assurances de Peugeot, Renault et Auchan. Les exportations sont réalisées à 60% avec les pays européens, Allemagne, Royaume-Uni et France notamment.

Du fait de la récession, l’équipe au pouvoir cherche de nouveaux débouchés et à se positionner sur des niches à haute valeur ajoutée d’où un effort important de formation. Le Premier ministre Lawrence Gonzi (Parti nationaliste – droite) est connu pour vendre ses parcs de technologie «ultramoderne».

Une partie de la jeunesse désenchantée
Elle juge que le taux de participation, de 93% lors des législatives de 2008, est le plus faible jamais enregistré sur l’île lors d’un scrutin. Preuve d’une désaffection de l’électorat. Ces jeunes s’indignent du fait que la très grande majorité des organes de presse soit inféodés aux deux grands partis politiques (nationaliste et travailliste) sauf un titre, Malta today.

Enfin, ils sont circonspects vis-à-vis de la création de filières universitaires en complète adéquation avec les besoins actuels des sociétés high-tech car si celles-ci sont fragilisées, les étudiants seront au chômage. Une partie d’entre eux, anglophones, partent travailler à l’étranger.

Face aux réfugiés, l'Europe doit coopérer

Euronews, le 22 juin 2011

Toutefois, les chiffres de l’économie sont bons : la dette publique n’est qu’à 75% du PIB, la croissance en 2012 est prévue à +1% et la Commission européenne estime qu’elle sera à +2% en 2013. Malgré tout, Bruxelles souhaite des réformes structurelles concernant la santé (remise en cause de la gratuité de la couverture universelle) et des retraites.

L'immigration, un problème majeur
Les principaux soucis du gouvernement sont liés au problème migratoire. Le 29 juin 2012, un Malien de 32 ans, Mamadou Kamara, a trouvé la mort dans un fourgon de la police. Le cas de ce migrant qui tentait de s’enfuir de sa prison a pour la première fois secoué l’opinion publique maltaise.

Dans ce dossier, le sort des enfants migrants arrivés non accompagnés et placés en centre de rétention (14.000 ont débarqués à Malte depuis 2002, dont 1.700 durant l’été 2012) est une violation de leurs droits.

Les migrants, venus sur des bateaux de fortune, échouent à différentes portes de l’Union européenne, en mer Méditerranée. Or, depuis la chute des dictateurs arabes, l’afflux des migrants est important, que ce soit sur l’île de Lampedusa en Italie ou à Malte.

Depuis l'accord de 2009 entre ces deux pays, des patrouilles maritimes conjointes ont lieu le long des côtes libyennes. Elles limitent les arrivées mais cela n’a pu mettre un terme au flot de demandeurs d’asile. Les autorités de La Vallette, la capitale, se sont inquiétées de ce phénomène qui dépasse ses capacités d’accueil. Elles estiment qu’en raison de l’exigüité du territoire ils devraient être accueillis à Lampedusa. D’où un différend entre l'Italie et Malte.

Les aides internationales insuffisantes
Dans cette affaire, l'île de 400.000 habitants a été aidée par l’UE et les USA. La France a ainsi accueilli, entre 2009 et 2010, 200 réfugiés basés à Malte mais y a mis un terme en raison d’une augmentation de demandes d’asile spontanées dans l’Hexagone.      

Pour diminuer ces arrivées, une équipe de la marine maltaise composée de 46 officiers vient de se rendre en Libye pour entraîner ses homologues à contrôler les frontières. 

 

 

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