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Le président serbe s'excuse pour le massacre de Srebrenica

Changement de discours : la Serbie, qui jusqu'à présent niait le massacre de Srebrenica (Bosnie), se serait excusée dans une interview télévisée qui sera diffusée en mai prochain. Le président Tomislav Nikolic demande à ce que la Serbie soit pardonnée pour ce crime commis en 1995. Un revirement qui arrive au moment où l'Europe accepte de discuter d'une possible adhésion de la Serbie.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Marko Djurica Reuters)

En juin dernier lorsqu'il est
devenu président de Serbie, Tomislav Nikolic avait nié l'existence du génocide
de Srebrenica
 en Bosnie. Il aurait opéré un virage
à 180°, selon les médias serbes jeudi. Dans l'extrait d'une
interview diffusée le 7 mai prochain
, Tomislav Nikolic présente ses excuses. Il ne prononce pas, tout d'abord, le mot de génocide mais celui de "crime ".

Relancé par la journaliste, le président assure ensuite que "tout ce qui s'est passé dans l'ancienne Yougoslavie relève du génocide ". Malgré cette réserve, cette déclaration inattendue du président serbe représente un énorme pas qui pourrait simplifier les relations entre la Serbie et la Bosnie.

Le président déclare également : "Je m'excuse pour
les crimes qui ont été commis au nom de notre État et notre peuple par un
quelconque individu issu de notre peuple
". L'interview a été accordée à la télévision publique de Bosnie-Herzégovine.

"Je m'agenouille et demande que la Serbie soit pardonnée pour le crime commis à Srebrenica" (président serbe)

En 1995, 8.000 hommes et
garçons musulmans ont été tués à Srebrenica
par les forces serbes de Bosnie du
général Ratko Mladic. Ce massacre, le pire en
Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a été qualifié de génocide par le
Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et la Cour
internationale de justice (CIJ). La Serbie n'a jamais reconnu ce terme. 

En 2010, le parlement
serbe a adopté une résolution condamnant le massacre de Srebrenica. C'était la
première condamnation officielle.

Un changement pour plaire à l'Europe ?

Tomislav Nokolic, un
nationaliste populiste, a récemment opté pour un discours beaucoup plus
pro-européen. Objectif : entrer dans l'UE. Il y a trois jours, le
gouvernement serbe a accepté l'accord en vue de normaliser les relations avec
le Kosovo. Une demande de l'Union européenne, alors que le conflit
serbo-kosovar s'est terminé il y a 14 ans, et que la situation est toujours tendue. L'accord porte sur le degré d'autonomie
accordé au 40.000 Serbes du nord de ce territoire.

Cette concession semble avoir
fonctionné. Juste après cet accord, Bruxelles a recommandé l'ouverture des
négociations d'adhésion de la Serbie à l'Union européenne. Les différents chefs
d'Etats européens doivent maintenant se prononcer sur cette recommandation. Ils
le feront lors d'un sommet fin juin.

"Nous voulons entendre le président serbe et la Serbie prononcer le mot génocide" (victime)

Pas suffisant, en tout cas, aux yeux des familles des victimes. "Nous n'avons pas besoin que quelqu'un se mette à genoux pour demander pardon. Nous voulons entendre le président serbe et la Serbie prononcer le mot génocide. C'est seulement alors que nous allons croire que c'est un geste sincère" , a déclaré Munira Subasic, la présidente de la principale association des mères de Srebrenica. "Parce que c'est quoi un crime, comme le dit M. Nikolic? C'est aussi le vol d'un sac à main. Nous avons besoin que la Serbie accepte les jugements de la justice internationale."

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