Mariage pour tous : le pape a-t-il demandé aux parlementaires d'abroger la loi ?
Recevant une délégation de parlementaires, le pape François les a invités à ne pas hésiter à "abroger" les lois si nécessaire. Des déclarations qui ont fait bondir les supporters du mariage pour tous.
A chacun son interprétation. Le pape François a invité samedi 15 juin les parlementaires français à ne pas hésiter à "abroger" les lois si nécessaire, pour leur "apporter l'indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine". Il a prononcé ces mots alors qu'il recevait au Vatican une délégation de sénateurs et députés venus de France. Pour certain, il s'agit d'une allusion directe aux législations pouvant être considérées comme contraires aux principes de l'Eglise catholique, de l'avortement à l'euthanasie en passant par le mariage des personnes de même sexe, ou les nouvelles normes de bioéthique. Pour d'autres, il ne s'agit que d'une interprétation. Retour sur cette polémique.
Ce qu'a dit le Pape
Recevant pour la première fois au Vatican 45 parlementaires français -majoritairement de droite-, le pape François les a invités à "amender et même abroger" les lois contraires à leur conscience et "insuffler un esprit" aux textes de loi sans se laisser influencer par "des modes et des idées du moment", rapporte Radio-Vatican.
"Le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l'État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l'animent", a poursuivi le pape dans son discours à la délégation. Le pape a d'ailleurs paru rendre hommage à la mobilisation de centaines de milliers de Français dans le cadre des manifestations contre "le mariage pour tous": "on peut se féliciter", a-t-il dit, "que la société française redécouvre des propositions faites par l'Eglise, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun".
Un appel à abroger le mariage pour tous pour les uns...
Avec ces propos le pape vise directement le mariage pour tous. Plusieurs membres du Parti socialiste ont immédiatement réagi sur Twitter , comme David Assouline, porte-parole du PS, ou encore Le député EELV Denis Baupin.
Et si le Pape respectait notre République laïque, ses valeurs et lois, autant que notre laïcité respecte les croyances de chacun#invitation
— David Assouline (@dassouline) June 15, 2013
Le Pape voudrait que les parlementaires français modifient les lois selon l'Eglise catholique ! Il a été élu par qui celui-là ????
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) June 15, 2013
Même l'ancien sélectionneur Raymond Domenech s'est fendu d'un tweet pour rappeler la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Je rappelle juste qu'en France la séparation de l'Église et de l'État date. Avis aux parlementaires reçus par Sa Sainteté .
— Raymond Domenech (@Raymon_Domenech) June 15, 2013
... une mauvaise interprétation pour les autres
Mais à aucun moment dans son discours, le souverain pontife ne parle explicitement du mariage pour tous, de l'euthanasie ou de l'avortement. Pour les défenseurs du pape, comme l'abbé Grosjean, prêtre du diocèse de Versailles (Yvelines), ses propos ne méritent pas un tel déchaînement.
Voici propos exacts du #pape . Expliquez moi maintenant flots de haine et de colère en retour ? Où est le scandale ? http://t.co/W4jPIAwYWU
— Abbé Grosjean (@abbegrosjean) June 15, 2013
Thomas Thévenoud, député socialiste présent dans la délégation a également réagi sur son blog aux différentes interprétations. Selon lui, "le pape n’a absolument pas demandé l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous".
Erwann Binet, député PS et rapporteur du projet de loi sur le mariage homosexuel, a estimé samedi qu'il n'y avait "pas lieu de polémiquer". "Les propos du pape sont bien plus 'soft', ai-je envie de dire, que certains de ceux que nous avons pu entendre ces derniers mois dans notre pays, y compris par des représentants de l'Eglise", a déclaré l'élu isérois, interrogé par BFMTV.
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