Le lobbying n'est pas une maladie honteuse...mais...
Combien sont-ils au juste, tous ces lobbyistes qui œuvrent à Bruxelles ? Selon un tout récent pointage (il y a très exactement 5 minutes !) grâce à l’existence d’un registre 7812 entités étaient inscrites. On estime à la louche que chaque entité inscrite fait travailler 5 personnes. Faites le calcul, ce sont plus de 35000 lobbyistes ou considérés comme tels qui arpentent couloirs et bureaux des institutions européennes. Un chiffre à mettre en regard avec les 55 000 fonctionnaires environ que compte l’Union européenne.
Un mot d’origine Anglo-saxonne devenu européen
Si l’on en croit un dictionnaire spécialisé dans le vocabulaire politique, le mot lobby désignerait depuis 1830 les couloirs de la Chambre des Communes, lieux idéaux pour rencontrer les élus et leur glisser parfois quelques conseils ou désidérata. Pour influer sur leur décision. La pratique serait donc bien venue d’Outre-manche. Et parfaitement courante au sein des institutions européennes.
Il s’agit en fait de la rencontre d’intérêts parfois divergents mais qui ont un intérêt commun. Celui de parvenir à une décision raisonnée, documentée dont on connait aussi les éventuelles conséquences. L’administration européenne et les hommes politiques ont un besoin vital d’information.
Un registre pour savoir qui est qui
Reste que la pratique a besoin d’être encadrée. Il y va de l’intérêt de tous. Un lobbying un peu trop pressant ou mal intentionné avec des intermédiaires peu fiables, des institutions européennes à qui l’on reproche le travail peu transparent, et très vite la machine à détester l’Europe s’emballe. Ce risque, la Commission européenne dès 2008 puis le Parlement l’ont compris. Un registre de transparence commun des représentants d’intérêts a été crée en 2011 avec un certain succès mais bien des améliorations à apporter. C’est chose faire depuis le mois de janvier de cette année. Ainsi la nomenclature des différentes catégories de lobbyistes a été clarifié et certaines informations supplémentaires demandées lors de l’inscription en particulier sur les activités couvertes par ceux qui s’inscrivent. Il semble qu’un certain flou régnait ce qui incitait les cabinets d’avocats fort nombreux à Bruxelles à ne pas s’inscrire. Fermeté accrue en cas de plaintes à la suite, par exemple, d’informations fausses données par certains lobbyistes. Il y a donc des progrès mais selon Sylvie Guillaume, Vice-présidente socialiste et démocrate du Parlement européen, encore un bout de chemin à faire. D’autant que le regard porté sur ces activités et la relation entre lobbyiste et parlementaire mérite attention.
Ce registre, tout le monde peut le consulter. Il vous suffit de faire un tour sur Internet. Je vous le conseille. Mais deux manques sont encore à déplorer. Le premier c’est que l’inscription n’est pas obligatoire, elle demeure du domaine du volontariat. D’obscures raisons juridiques semblent pour le moment bloquer l’évolution du registre vers un caractère obligatoire. Second manque et il est de taille, un pan entier des institutions européennes n’est pas (encore) concerné par ce registre, celui du Conseil. C’est pourtant au niveau de cette institution, là où se rencontrent les ministres avant de négocier puis signer, parapher les décisions politiques européennes que les lobbyistes trouvent leur dernière chance d’exercer une quelconque influence sur la décision finale.
Le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker espère qu’un accord à trois, Commission, Parlement et Conseil puisse être trouvé pour la création d’un registre unique valable pour toutes les institutions. Mais pour cela, il va falloir que les Etats membres, ceux qui envoient leurs ministres discuter jouent le jeu de la transparence. Et que la Commission fasse elle aussi un effort en matière de transparence par exemple dans le cadre des négociations entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Histoire de monter l’exemple.
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