Le Grand Débat
Depuis début janvier, pas un jour sans qu’un nouveau mouvement de citoyens pour l’Europe ou un Think Tank ne me contacte pour me raconter comment il va mobiliser les Français pour qu’ils votent aux élections des futurs députés européens. Aperçu pour cette semaine : mercredi, c’était Europa Nova. Jeudi, «Je veux l’Europe» (ça ne s’invente pas !). Vendredi, lancement du groupe Eiffel Europe, «Pour une communauté politique de l’euro».
Méritoire ! D’autant plus que ni le gouvernement français ni la presse parisienne n’ont l’air de se préoccuper de l’élection des futurs députés européens. Le premier parce qu’il a peur de les perdre haut la main et qu’il a tout à gagner en mettant le couvercle sur le sujet. Il a ainsi failli décider de ne pas envoyer aux électeurs les déclarations politiques des candidats. La seconde parce que le thème de l’Europe embarrasse au plus haut point les rédactions. Depuis toujours court la rumeur que l’Europe fait chier le téléspectateur ou l’auditeur ou le lecteur. Moi, je crois que cela fait en réalité surtout chier le présentateur ou le rédacteur en chef qui a la flemme de mettre son nez dans des sujets qu’il sait ne pas maîtriser.
La meilleure preuve que ça intéresse les gens (à part les bonnes audiences d’Avenue de l’Europe… lol) : partout en France les amphis et salles de congrès sont pleins lorsque l’Europe est au programme. Autre preuve : les débats enflammés sur internet. Le sujet dérange, questionne et donc passionne.
Grand débat européen
Peut-être ne le savez-vous pas, mais l’UER, l’Union européenne de Radiodiffusion, dans laquelle se trouvent France 2, France 3 et TF1, a l’intention d’organiser un gigantesque débat entre toutes les têtes de liste des grands partis représentés au Parlement européen. Je peux vous dire qu’il y en aura deux en fait. Un premier débat le 15 mai avec les 5 ou 6 têtes de liste. Il durera 90 minutes. Et un deuxième le 20 mai avec les deux plus grandes forces politiques européennes. Il durera 45 minutes.
Il y aura donc Martin Schulz, l’Allemand qui préside actuellement le Parlement européen et que le Groupe de l’Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates a choisi comme tête de liste face à celui qui aura été désigné tête de liste par le PPE, le Parti populaire européen. Le nom de l’heureux élu sera connu les 6 et 7 mars prochains lors du Congrès du PPE à Dublin. Jean-Claude Juncker, ancien Premier ministre luxembourgeois, tient la corde. Juste devant Michel Barnier, l’actuel Commissaire européen français en charge du marché intérieur.
Pour l’instant, ces débats n’intéressent pas du tout les télévisions françaises. Et ils s’organisent sans eux. Ainsi, le premier journaliste qui interviewera nos candidats a été choisi. C’est une Italienne. Son nom est Monica Magionni, ancienne correspondante de guerre.
On peut comprendre qu’un débat en anglais entre 6 personnes dans l’hémicycle du Parlement européen fasse peur aux directeurs les plus audacieux… Mais quid du débat entre les deux têtes de liste des plus grands partis d’Europe ? A priori ils parlent tous les deux très bien français.
Avec un peu de présence et d’influence au Comité éditorial de l’UER, on pourrait très bien réussir à convaincre qu’il faut faire ce débat dans notre langue. Les plus Européens d’entre vous me rétorqueront que pour être élu député européen ou désigné Commissaire et à fortiori Président de la Commission il faut parler couramment anglais mais bon… Il faut savoir ce que l’on veut ! Et ce que l’on veut, c’est un véritable débat démocratique autour de ces élections qui peuvent changer le visage de l’Union européenne et donc notre vie de tous les jours.
A bon entendeur !
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