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Le FMI demande à l'UE un allègement massif de la dette grecque

"La dette de la Grèce ne peut désormais être viable qu'avec des mesures d'allègement de la dette qui vont beaucoup plus loin que ce que l'Europe a envisagé de faire jusque-là" affirme le FMI dans un rapport transmis à l'Union européenne. Un allègement qui serait la condition de nouvelles aides du Fonds monétaire international.
Article rédigé par franceinfo
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  (Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a participé aux négociations de Bruxelles © MAXPPP)

Alors qu’Alexis Tsipras s’apprète à faire voter un accord, auquel « il ne croit pas », le FMI publie une note dans laquelle le fond estime lui aussi que le plan prévu lundi à Bruxelles pour la Grèce n’est pas viable.

Ce n’est pas la première fois que le FMI plaide pour une restructuration de la dette grecque, dont ne veulent pas la plupart des Etats européens ; ce fût la position de sa directrice Christine Lagarde pendant ces 6 derniers mois de négociation. Avec la publication de ce document, le scepticisme du FMI sur le plan européen s’expose au grand jour. Adressé dès lundi soir aux Etats membres de la zone euro, il n’avait pas vocation à être publié, mais des fuites (comme ce tweet d’un journaliste de Reuters) ont poussé le FMI à le rendre public dans la nuit de mardi à mercredi.

Une petite bombe

"La dette publique de la Grèce est devenue hautement insoutenable " ainsi commence cette note de 4 pages (ici la version en anglais). Dans un langage plus simple, cette première phrase veut dire ni plus ni moins que la dette de la Grèce n’est plus remboursable.

Si la dette grecque est devenue « hautement insoutenable » explique le FMI, c’est parce que la situation économique et financière s’est dégradée cette année, et surtout ces deux dernières semaines avec « la fermeture des banques et la mise en place de contrôle de capitaux ». Autrement dit, si un accord avait pu être trouvé dans les temps (avant le 30 juin), la situation serait moins catastrophique, et la Grèce aurait besoin de moins d’argent.

Des négos à 25 milliards d’euros

La note du FMI rappelle que les trois institutions (commission, FMI, BCE) estiment aujourd’hui à 85 milliards d’euros les besoins de la Grèce d’ici 2018, soit "25 milliards d’euros de plus que ce que le FMI avait estimé dans son précédent document il y a deux semaines ".

Cette détérioration oblige le FMI à revoir toutes ses hypothèses. En 2022, la Grèce aurait un ratio dette/PIB de 170% et non 142% comme projeté récemment.

La Grèce n’aura la capacité de rembourser sa dette  qu'avec des mesures d'allègement de la dette qui vont beaucoup plus loin que ce que l'Europe a envisagé de faire jusque-là

Le ministre des finances français Michel Sapin estime que tout ce que dit le FMI est déjà dans l’accord

"Nous disons exactement la même chose depuis le début (...) nous disons 'la Grèce doit faire un effort, nous devons mettre de l'argent nouveau avec des garanties sur la bonne utilisation de cet argent et bien entendu il faudra parler du poids de la dette"

Les propositions explosives du FMI

Le FMI soumet trois options possibles à ses partenaires européens, dont une seule sera discutable par les pays de la zone euro, tant les deux autres mettent le doigt exactement là où ça fait mal. Annuler une partie de la dette. Une option dont l’Allemagne et de nombreux autres Etats ne veulent pas. Transférer annuellement l’argent manquant au budget grec . Dans une union économique et monétaire, il y a généralement des transferts entre les zones riches et pauvres de l’union. C’est le cas par exemple aux Etats Unis, où quand la Californie est en faillite, l’Etat américain vient à la rescousse avec l’impôt levé au niveau fédéral. Une telle solidarité n’existe pas dans la zone euro. Par cette proposition, le FMI met le doigt sur une des failles majeures de la zone euro, mainte fois dénoncée par les économistes.

Etendre le délai de grâce de 10 à 30 ans .

Actuellement, la Grèce ne rembourse ni les intérêts ni le principal sur les prêts accordés par la zone euro (via les prêts bilatéraux ou le fonds européen de stabilité financière).C’est en 2023 qu’elle commencera à rembourser. L’idée du FMI serait que la Grèce commence à rembourser en 2043. Cette option là revient à restructurer la dette grecque, mais en jouant simplement sur les maturités des prêts, comme le suggère déjà l’accord. 

Le FMI pourrait ne pas participer au nouveau plan

Nous avons été très clairs sur le fait que (...) nous avons besoin d'une solution concrète et ambitieuse au problème de la dette" pour accorder de nouveaux prêts à Athènes,
a déclaré à l'agence Reuters un haut cadre du Fonds monétaire international.

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