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Le chef de l'Eurogroupe vivement critiqué après avoir tenu des propos jugés "sexistes" et "racistes"

Jeroen Dijsselbloem a laissé entendre, lundi, dans un entretien à un quotidien allemand, que les pays d'Europe du sud dilapidaient leur argent en "schnaps" et en "femmes".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, lors d'une conférence à Luxembourg, le 16 juin 2016. (JULIEN WARNAND / EPA)

Des pays du sud de l'Europe réclament la tête du président de l'Eurogroupe, après ses propos jugés "sexistes", "racistes" et "xénophobes", tenus lors d'un entretien au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (édition abonnés), lundi 20 mars. Dans cette interview, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem a laissé entendre que les "pays en crise" dilapidaient leur argent en "schnaps" et en "femmes".

Dans cet entretien, le président de l'Eurogroupe insiste sur la solidarité des "pays du nord de la zone euro" avec les "pays en crise", mais précise : "Mais celui qui la réclame a aussi des devoirs. Je ne peux pas dépenser tout mon argent pour le schnaps (une eau de vie) et les femmes, et ensuite réclamer leur soutien."

"Je suis désolé"

"Dans une Europe sérieuse, Monsieur Dijsselbloem serait déjà viré", a lancé, mercredi, le Premier ministre socialiste du Portugal, Antonio Costa, le plus remonté contre le ministre des Finances des Pays-Bas. "Il est inacceptable qu'une personne qui a un comportement comme cela et qui a une vision raciste, xénophobe et sexiste d'une partie des pays européens puisse présider une organisation comme l'Eurogroupe", qui réunit les 19 ministres des Finances des pays ayant adopté la monnaie unique.

Réputé pour son sérieux, son sens du compromis, mais aussi son franc-parler, Jeroen Dijsselbloem a refusé dans un premier temps de s'excuser – "Certainement pas !" – face à des eurodéputés espagnols qui le lui demandaient. Mercredi, il a finalement regretté que ses propos aient été perçus comme une attaque des pays du Nord envers ceux du Sud : "Mon style est direct, si des personnes ont été offensées, je suis désolé."

Depuis, les réactions affluent, de toute l'Europe, surtout là où les effets de la crise financière se font le plus ressentir. En Grèce, Dimitris Tzanakopoulos, porte-parole du gouvernement, a fustigé des "propos sexistes" et "des clichés qui creusent le fossé entre le Nord et le Sud". En Italie, Matteo Renzi, ancien chef du gouvernement centre-gauche, des "réflexions stupides", ajoutant : "Le plus tôt il démissionnera, le mieux ce sera".

"Je pense qu'il a tort"

Même la Commission européenne, qui tient en général à mesurer ses commentaires concernant les siens, a tenu à se détacher de ces propos. "Je n'aurais pas dit ça, je pense qu'il a tort", a ainsi affirmé la commissaire à la Concurrence, la Danoise Margrethe Vestager.

"Chacun est responsable de ses commentaires", a avancé un porte-parole de l'exécutif européen, rappelant que son président Jean-Claude Juncker avait "toujours exprimé son respect, sa sympathie et même son amour pour le flanc sud de l'Europe".

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