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Le "Boucher des Balkans", arrêté après plus de 15 ans de cavale, est physiquement apte à comparaître, selon Belgrade

C'est ce qu'a indiqué vendredi la justice serbe, après l'examen de Ratko Mladic par une commission médicale "qui a jugé qu'il était en état d'être poursuivi" et d'être extradé vers La Haye, siège du TPI.Poursuivi pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre durant la guerre de Bosnie, l'ancien général a trois jours pour faire appel.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Ratko Mladic escorté par les policiers serbes  au Tribunal spécial pour les crimes de guerre à Belgrade le 26 mai 2011 (AFP PHOTO / HO / SERBIAN GOVERNMENT)

C'est ce qu'a indiqué vendredi la justice serbe, après l'examen de Ratko Mladic par une commission médicale "qui a jugé qu'il était en état d'être poursuivi" et d'être extradé vers La Haye, siège du TPI.

Poursuivi pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre durant la guerre de Bosnie, l'ancien général a trois jours pour faire appel.

"Le processus d'extradition est en cours", vers la Haye, où siège le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie. Cette arrestation représente "le résultat d'une pleine coopération de la Serbie avec le tribunal de la Haye. Aujourd'hui, nous fermons un chapitre de l'histoire de notre région qui nous mènera vers une pleine réconciliation" régionale, s'est félicité le président serbe Boris Tadic.

"Une étape de plus vers l'intégration un jour prochain de la Serbie dans l'UE"
Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Serge Brammertz, a déclaré jeudi à l'AFP que la Serbie, en arrêtant l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, avait "rempli une de ses obligations internationales".
A Deauville, où il est l'hôte du G8, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il s'agissait d'"une étape de plus vers l'intégration un jour prochain de la Serbie dans l'Union européenne". L'arrestation de Mladic était une condition posée par l'UE à l'intégration future de la Serbie et le commissaire européen à l'Elargissement, Stefan Füle, a confirmé que sa capture levait un obstacle majeur.

Accusé de génocide pour le massacre de 8000 musulmans de Bosnie à Srebrenica
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) a inculpé l'ancien chef de l'armée bosno-serbe de génocide pour le massacre à l'été 1995 de 8000 Bosniens musulmans à Srebrenica (Bosnie).

Un ami de la famille de l'ancien chef militaire, qui avait confirmé l'arrestation de Ratko Mladic avant la conférence de presse du président, a précisé que l'ancien chef de guerre était détenu au QG de la BIA, les services de renseignement serbes.

Avec Karadzic, Mladic était un des principaux artisans du "nettoyage ethnique" dans certaines zones de Bosnie

En fuite depuis son inculpation en 1995, Ratko Mladic, 69 ans, est accusé d'être l'un des principaux artisans d'un plan de "nettoyage ethnique" de certaines zones de Bosnie-Herzégovine, aux côtés de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, arrêté en 2008.

Mladic risque la prison à vie pour 15 charges retenues contre lui
Ratko Mladic
qui doit répondre de génocide, crimes de guerre et contre l'humanité durant la guerre de Bosnie (1992-1995), devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), risque la prison à vie s'il est reconnu coupable des quinze charges de génocide, persécutions, exterminations, meurtres, déportations, actes inhumains et prises d'otages notamment qui pèsent contre lui.

Depuis des années, le TPI pour l'ex-Yougoslavie réclamait l'arrestation de Ratko Mladic pour son rôle pendant la guerre inter-communautaire en Bosnie (1992-1995): pour le massacre de Srebrenica (Bosnie), où périrent quelque 8000 hommes et adolescents musulmans en 1995 et pour le siège de Sarajevo, au cours duquel 10.000 civils ont été tués, entre 1992 et 1995.

Mladic, un héros pour les nationalistes serbes
Des nationalistes serbes continuent de considérer Ratko Mladic comme un héros et l'un de leurs représentants politiques a vivement critiqué le gouvernement. "Cette arrestation honteuse d'un général serbe est un coup porté à nos intérêts nationaux et à l'Etat. C'est un régime de menteurs sales, corrompus et infidèles, un régime opéré par la police secrète", a dénoncé Boris Aleksic, porte-parole du Parti radical serbe.

Quelque 2000 Serbes, notamment d'anciens militaires serbes de Bosnie et des jeunes, ont manifesté vendredi à Pale, près de Sarajevo, contre l'arrestation de leur ancien chef militaire et ont accusé la Serbie de "trahison". Pendant la guerre intercommunautaire de 1992-1995, la petite localité de Pale fut le fief des dirigeants politiques et militaires des Serbes bosniaques.

Tous les accusés de Srebrenica ont été arrêtés

Avec l'arrestation jeudi de Ratko Mladic, seize ans après le massacre de Srebrenica, qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), tous les inculpés pour ce massacre sont désormais sous les verrous.

Rappel des faits

Lors de la prise de l'enclave de Srebrenica le 11 juillet 1995, les Casques bleus néerlandais censés la protéger n'ont pas résisté. Les forces serbes de Bosnie ont séparé les hommes et adolescents musulmans des femmes, les ont emmenés dans des camions et des cars, les ont exécutés et ont jeté leurs corps dans des fosses communes.
Ce massacre, le pire commis en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, a été qualifié de génocide par le TPIY et par la Cour internationale de justice (CIJ).

Déjà condamnés

- Radislav Krstic, le général qui a dirigé l'attaque contre Srebrenica, purge une peine de 35 ans de prison. Condamnation pour participation à un génocide confirmée en appel en avril 2004.

- Les généraux Milan Gvero et Radivoje Miletic ont été condamnés le 10 juin 2010 à 5 et 19 ans de prison, respectivement, pour avoir notamment empêché l'aide humanitaire internationale d'accéder à l'enclave. Ils ont interjeté appel.

- Le colonel Vidoje Blagojevic a été condamné en appel, en mai 2007, à 15 ans de prison et son co-inculpé Dragan Jokic à 9 ans de prison pour crimes de guerre et contre l'humanité.

- Les officiers serbes de Bosnie Dragan Obrenovic et Momir
Nikolic
, qui plaidaient coupable de participation au massacre, ont été condamnés, en décembre 2003, à 17 et 27 ans de prison. En appel, la peine de Nikolic a été réduite à 20 ans.

- Le premier condamné pour Srebrenica a été Drazen Erdemovic, ancien soldat de l'armée des Serbes de Bosnie, qui plaidait coupable. Condamné en 1998 à 5 ans de prison, il a été libéré en 2000.

- Le 10 juin 2010, les ex-officiers de l'armée des Serbes de Bosnie Vujadin Popovic et Ljubisa Beara ont été condamnés à la prison à perpétuité pour génocide. Dans la même affaire, les ex-officiers Vinko Pandurevic, Ljubomir Borovcanin et Drago Nikolic ont été condamnés à 13, 17 et 35 ans de prison, respectivement. Seul M. Borovcanin n'a pas interjeté appel.

- L'ancien capitaine Milorad Trbic a été condamné le 16 octobre 2009 à 30 ans de prison pour génocide, peine confirmée en appel. Transféré à Sarajevo en juin 2007, où il a été condamné par la Cour d'Etat de Bosnie-Herzégovine, il a été reconnu coupable d'avoir aidé au transport de Musulmans vers les lieux des exécutions.

Slobodan Milosevic, décédé pendant son procès

Avant de mourir en détention le 11 mars 2006, l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic comparaissait devant TPI pour génocide, crimes de guerre et contre l'humanité pour son rôle dans les conflits qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie dans les années 1990, y compris le massacre de Srebrenica.

Procès en cours

- L'ex-chef d'état-major de l'armée yougoslave Momcilo Perisic est accusé d'avoir fourni une aide logistique à l'armée des Serbes de Bosnie, y compris à Srebrenica. La prison à perpétuité a été requise contre lui le 29 mars.

- L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, arrêté en juillet 2008, est considéré comme un des architectes des massacres. Son procès s'est ouvert le 26 octobre 2009.

- Le général serbe Zdravko Tolimir, ancien membre du haut commandement de l'armée des Serbes de Bosnie, est accusé de génocide, crimes de guerre et contre l'humanité pour avoir supervisé plusieurs exécutions massives aux alentours de Srebrenica. Son procès s'est ouvert le 26 février 2010.

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