La voix de la radio s’est éteinte : l’inventeur du Nagra est mort
«Vous avez inventé le NAGRA, cet outil d’enregistrement qui a changé notre travail en nous rendant mobiles et donc réactifs», résume Fabienne Sintes, journaliste à France Inter sur son blog en hommage au créateur de cet outil qui a permis de rendre compte de tous les conflits de la planète, du Vietnam à Mai 68 en passant par le Proche-Orient ou l’Afrique.
«Il enregistrera»
En 1957, la société suisse de Stefan Kudelski sort le Nagra III, entièrement transistorisé. Pour la première fois, un appareil de cinq kilos, alimenté sur piles, est l'égal en qualité des lourds enregistreurs de studio. Totalement fiable, très robuste, construit avec les meilleurs composants, le Nagra III est adopté par les ingénieurs du son du monde entier, aussi bien à la radio qu'à la télévision et au cinéma.
Comme Stefan Kudelski était né à Varsovie en février 1929, il décida de l'appeler «Nagra» puisqu'en polonais «on nagra» signifie «il enregistrera».
A l’occasion du festival de Bayeux, l’ancien journaliste François Ponchelet, qui assista à la prise de Saïgon en 1975, parlait encore avec émotion de son magnétophone: «Une fois l’interview (du général Minh) réalisée, je ressors avec mon Nagra quand les chars du GRP (gouvernement révolutionnaire provisoire) sont arrivés.» Il se souvenait aussi du poids de son harnachement. «Maintenant un journaliste part avec des moyens satellites portatifs et il peut diffuser de n’importe où. Le matériel est beaucoup plus léger, permet d’aller plus vite. Rien à voir avec ce que j’avais à Saïgon.»
Même remarque de Fabienne Saintes : «Mon ostéo tient aussi à vous saluer. C’est grâce à vous qu’aujourd’hui encore il corrige régulièrement cette courbature qui me fait pencher à gauche, vu que je dégaine du micro de la main droite.»
Aujourd’hui, les Nagra enregistrent toujours les sons de la planète. Mais en miniature et en numérique.
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