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La Russie et l'OMC, une histoire semée d'embûches

L'Organisation mondiale du commerce a donné son ultime feu vert vendredi à l'adhésion de la Russie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La ministre du Développement économique russe, Elvira Nabiullina, et le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, à la cérémonie de signature du protocole d'adhésion de la Russie à l'OMC, au siège de l'organisation à Genève (Suisse), le 16 décembre 2011. (FABRICE COFFRINI / AFP)

C'est un record du genre : les négociations de la Russie pour entrer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) auront duré dix-huit ans. L'OMC a donné son ultime feu vert vendredi 16 décembre à l'adhésion de Moscou. Le protocole d'adhésion a été approuvé par les ministres des 153 pays-membres, réunis en conférence à Genève (Suisse). 

Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a parlé d'un moment "historique", la Russie étant le dernier poids lourd de l'économie mondiale à ne pas faire partie de l'institution. Cette étape met fin à une longue période d'incertitude sur la pleine intégration du pays aux règles du commerce mondial.

Des négociations marathon

L'OMC est habituée aux processus d'adhésion à rallonge : les négociations avec la Chine, entrée en 2001, ont duré quinze ans. Mais Moscou a battu ce précédent. La Russie a posé sa candidature en 1993, mais le processus a été stoppé en raison des hostilités avec la Géorgie, qui ont atteint leur paroxysme en août 2008. 

Tbilissi bloquait l'adhésion de son puissant voisin, avec lequel elle se disputait le contrôle des frontières avec les territoires séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, qui ont fait sécession de la Géorgie en 1992 et ont été reconnus indépendants par la Russie en 2008.

De multiples accords et concessions pour débloquer le dossier

C'est une médiation active menée par la Suisse qui a permis de lever ce point de blocage. Une entreprise privée indépendante contrôlera l'entrée et la sortie des biens commerciaux sur les frontières litigieuses.

Au total, Moscou a conclu 96 accords bilatéraux pour obtenir le feu vert des pays-membres de l'OMC et fait plusieurs concessions. La Russie a notamment accepté d'abaisser le seuil de ses tarifs douaniers à l'importation et de limiter puis réduire ses subventions agricoles.

La Russie s'est aussi engagée à supprimer les licences d'importation pour les alcools et les produits pharmaceutiques. Dans le secteur bancaire, les banques étrangères pourront librement ouvrir des filiales en Russie, mais ne pourront pas représenter plus de 50 % du système bancaire russe. Enfin, Moscou a levé l'interdiction de survol de la Sibérie, une mesure qui coûtait 500 millions d'euros aux compagnies aériennes, obligées de faire de larges détours.

L'adhésion finalisée en 2012

L'accord d'accession doit à présent être ratifié par le Parlement russe, dans un délai de six mois. La Russie pourra ensuite devenir membre à part entière de l'OMC. Selon le chef de la délégation russe chargée des négociations, la ratification doit intervenir "au début de l'année prochaine".

Le président russe, Dmitri Medvedev, a envoyé un message de remerciements, expliquant que l'adhésion de la Russie à l'OMC était un évènement qui allait "profiter à la fois à la Russie et à ses futurs partenaires" commerciaux.

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