Qu'a changé la mort du petit Aylan au drame syrien ? Rien, déplore sa famille
Un an après la mort d'Aylan Kurdi, dont la photo a fait le tour de monde, ses proches s'expriment dans la presse.
Que valent les émotions d'un jour ? Pas grand-chose sans volonté politique. La famille d'Aylan Kurdi, cet enfant de 3 ans retrouvé noyé le 2 septembre 2015 sur une plage turque et dont la photo a fait le tour du monde, est bien placée pour le mesurer. Un an après, le grand-père de l'enfant implore le monde de mettre fin à la folie de la guerre syrienne. Et, dans le quotidien allemand Bild, le père d'Aylan déplore que les morts en mer "continuent" et que "personne ne fasse rien".
"Ils se sont noyés parce qu'ils devaient fuir"
Seront-ils entendus ? Dans l'hebdomadaire américain Newsweek, vendredi 2 septembre, Sexo Seno Kurdi, le grand-père d'Aylan, lance un appel vibrant aux grands de ce monde : "Je vous supplie, dit-il, de mettre fin à cette folie. Cette guerre doit finir ! La raison pour laquelle ma fille et ses enfants se sont noyés, c'est qu'ils devaient fuir. L'Etat islamique attaquait et Kobané [ville kurde du nord de la Syrie, proche de la frontière turque] était un enfer. Où est l'humanité ?"
Sa fille Rehab et ses deux petits-fils, Aylan et Galip, 5 ans, sont désormais enterrés avec des victimes de l'Etat islamique, dans "le cimetière des martyrs" de Kobané. Surchargée de Syriens fuyant la guerre, l'embarcation dans laquelle la famille tentait de rejoindre l'Europe avait fait naufrage au large de Bodrum (Turquie).
"Les morts continuent et personne ne fait rien"
Sexo Seno Kurdi n'a plus de nouvelles de son gendre, Abdallah Kurdi, qui a survécu. Mais celui-ci a donné une interview au magazine allemand Bild, mercredi 31 août. "Après la mort de ma famille, les politiciens ont dit : "Plus jamais !", lance le père d'Aylan et Galip. "Tous voulaient absolument faire quelque chose à cause de la photo qui les avait tant remués, poursuit cet homme de 41 ans. Mais que se passe-t-il maintenant ? Les morts continuent et personne ne fait rien."
Il ne regrette pas la médiatisation de la photo de son fils, estimant qu'une "telle chose doit être montrée, pour que les gens voient clairement ce qu'il se passe. (...) L'horreur en Syrie doit enfin s'achever. Les tragédies de l'exil aussi." Aujourd'hui installé à Erbil, au Kurdistan irakien, Abdallah Kurdi se dit "plus en sécurité" qu'il ne l'a jamais été. "Mais pour quoi faire ?"
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