La Norvège et le pétrole: l'heure du débat a sonné
La Norvège est le sixième exportateur de pétrole au monde et le deuxième de gaz. Les revenus générés par cette manne la hissent au deuxième rang mondial en terme de Produit National Brut (PNB) par habitant, soit 55.600 dollars. Oslo occupe également le deuxième rang dans l’index du développement humain du PNUD.
Parmi les excellentes notes du pays, figure la croissance qui s’est élevée à plus de 5% en moyenne sur les quinze dernières (en dépit d’une brève période de récession en 2009 avec -1,4%). Le chômage est lui stable à 3,5%.
La Norvège sait gérer l'argent du pétrole
RadioCanada, le 25 juillet 2011
La manne pétrolière placée pour des revenus futurs
Pays de tradition sociale-démocrate, la Norvège se soucie de l’avenir de ses habitants lorsque les richesses naturelles seront épuisées. En 2006, elle a créé un fonds souverain alimenté par ces revenus, destiné à compléter les recettes. Il est investi en obligations et en actions, dont 2% des actions européennes.
Ce fonds a pris en 2011 la première place au monde avec un total de 560,6 milliards de dollars, devant celui d’Abou Dhabi qui a baissé à 342 milliards, à la suite de la crise et d’investissements malheureux.
Le ministre de l’Economie norvégien, Sibjoen Johnsen, affirme : «C’est le fonds le mieux géré du monde. Il est champion de la transparence. Il publie tous les ans la liste des investissements, actions, obligations, et plus récemment immobiliers», placés en-dehors du pays.
Fort de sa puissance financière, Oslo peut se permettre d'influer dans les débats européens. Lors de la crise financière, la Norvège a ainsi indiqué, le 7 décembre 2011, qu’elle pouvait prêter 7 milliards d’euros au FMI.
Mais en cas de baisse de ses ressources naturelles, le poids politique de la Norvège s'en verrait réduit. Sur le plan intérieur, les Norvégiens ne paient que 7,8% de leur salaire pour les dépenses de santé qui atteignent 7.300 dollars par personne et par an (au 3e rang mondial) contre 4.700 dollars en France. En cas de situation économique moins favorable, l'Etat pourrait leur demander plus d’efforts. Déja Oslo a changé le système des assurances-vie.
Le fonds doit également permettre de se prémunir contre l'effet du vieillissement de la population alors que la population immigrée atteint 12% dans un pays de près de 5 millions d'habitants.
Un trésor sous la mer
Grâce à la résolution d’un conflit sur la frontière maritime dans la mer de Barents avec la Russie, Oslo dispose d’une nouvelle zone d’exploration pétrolière de 175.000 km². Une nouvelle d'importance car, selon la société américaine Geological Survey, la susdite région pourrait receler 90 milliards de barils de pétrole et un tiers des probables réserves mondiales de gaz.
Les Norvégiens, qui ne disposent que de sondages datant de l’époque soviétique, s’interrogent sur ces estimations, basées sur des «probabilités géologiques». Un «petit Koweit» pourrait se trouver sous les glaces. Les explorations ont commencé en janvier 2012 et Statoil, possédé à 70% par l'Etat norvégien, a fait une importante découverte.
Environnement et développement à tout-va, un choix s'impose
La perspective d’avoir un eldorado à leurs portes implique un choix douloureux pour les Norvégiens. Les mouvements écologistes, dont Naturvernforbundet, sont inquiets de la survenue d’une marée noire, sous ces latitudes septentrionales et demandent le mise en place de bouées spéciales.
Ils ont remporté une victoire en empêchant l'exploration de gisements au large des îles Lofoten, apprécié des touristes et des oiseaux. Le «skrei», cabillaud de l’Arctique, pourrait souffrir des forages en mer. Le pays, gâté, pour ses richesses sous-marines devra résoudre ses contradictions pour garder son rang dans l'Union européenne.
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