La libération de Battisti, une "gifle" pour le peuple italien
C'est un nouvel épisode dans la crise diplomatique qui oppose l'Italie et le Brésil depuis six mois autour du cas Battisti. Les relations entre les deux pays sont au plus mal, depuis la décision de l'ex-président Lula, au dernier jour de son mandat, le 31 décembre dernier, de renoncer à l'extradition de Battisti. À l'époque, en signe de représailles, Rome avait rappelé son ambassadeur à Brasilia. Celui-ci n'est pas près de retrouver ses quartiers brésiliens...
L'Italie en effet ne compte pas laisser son condamné lui filer entre les doigts sans rien dire, ni faire. Silvio Berlusconi, le président du Conseil, a immédiatement exprimé sa "vive amertume". Face à ce que sa ministre de la Jeunesse appelle "une énième humiliation pour les familles de ses victimes".
_ Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a donc annoncé un recours. Rome, dit-il, "utilisera tout mécanisme de tutelle juridique possible auprès des institutions multilatérales compétentes en particulier auprès de la Cour internationale de Justice de La Haye". Celle-ci a pour mission de trancher les conflits entre États. En l'espèce, d'examiner si l'accord d'extradition qui existe entre l'Italie et le Brésil a été respecté.
Cette nuit, après six heures de débat, les juges brésiliens ont convenu que le refus d'extrader Battisti était un "acte de politique internationale", incontestable à ce titre. Les Italiens ne se priveront pourtant pas de le contester, eux qui traquent l'ancien membre des Prolétaires armés pour le communisme depuis 30 ans.
"C'est un moment très triste pour le peuple italien, pour la démocratie italienne, pour la magistrature italienne", selon Alberto Toscano, journaliste italien en France. Il exprime un sentiment largement partagé par les Italiens, encore marqués par les années de plomb à la fin des 70's. Battisti a été condamné par contumace en 1993 pour quatre meurtres et complicité de meurtres commis alors. Des crimes qu'il a toujours niés.
_ Pour Alberto Toscano, "il ne s'agit pas de s'acharner contre Battisti, mais de refermer une blessure encore sanglante en Italie".
Cécile Quéguiner, avec agences
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