La grève européenne du lait suspendue
Les producteurs européens de lait ont annoncé jeudi la suspension jusqu'au 5 octobre de leur grève des livraisons lancée il y a deux semaines, après un premier succès suite à la convocation d'une réunion extraordinaire de l'UE consacrée à la crise du secteur. “La grève est suspendue jusqu'au 5 octobre”", a indiqué le président de la confédération européenne des producteurs laitiers (EMB), Romuald Schaber.
Les agriculteurs français membres de l'EMB avaient appelé à cette grève des livraisons le 10 septembre à Paris pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur les difficultés du secteur, victime d'une chute des prix consécutive selon eux à la politique européenne de libéralisation de l'agriculture. “La grève est suspendue, mais les actions continuent”, a précisé lors d'une conférence de presse à Bruxelles Erwin Schöpges, président du Milk Interest Group (MIG), une organisation de producteurs belges, membre de l'EMB.
Il a souligné que des épandages dans des champs ou des dons de lait à la population allaient se poursuivre d'ici au 5, date à laquelle se réuniront à Bruxelles les ministres européens de l'Agriculture pour envisager un plan d'aide possible. “Si nous n'avons pas le 5 octobre un signal fort et concret, le mouvement reprendra”, a-t-il averti. Les agriculteurs de l'EMB ont l'espoir de voir plier la commissaire européenne à l'Agriculture, la Danoise Mariann Fischer Boel, qui jusqu'ici se refuse à revenir à une politique à ses yeux coûteuse et inefficace de subvention
du secteur.
Mais elle est sous pression. Paris a pris la tête d'une fronde contre la politique jugée trop libérale de la Commission, plaidant pour le maintien d'aides importantes en vue de soutenir les prix. La France avait expressément demandé lundi une réunion extraordinaire européenne. Mercredi, l'Italie a annoncé s'être ralliée à une initiative
franco-allemande en faveur d'une “nouvelle régulation” du secteur.
Cette offensive est désormais soutenue par une majorité suffisante d'Etats européens, pour contraindre la Commission à agir.
Derrière ce bras de fer, se joue une bataille de fond en Europe sur l'avenir de l'agriculture, entre libéraux partisans de la dérégulation, au nord de l'Europe, et ceux qui estiment que le secteur doit continuer à être subventionné.
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