"Rendez-nous nos licences" : à Calais, les pêcheurs français ont manifesté pour l'accès aux eaux britanniques
Des pêcheurs bretons, normands et des Hauts-de-France ont perturbé le trafic transmanche, vendredi, pour demander la régularisation de leurs licences. Enjeu : l'accès aux zones de pêche britanniques.
Sur les grilles d’accès au terminal de fret, à Calais, un message écrit en lettres noires sur une banderole blanche résume à lui seul le message des pêcheurs : "Rendez-nous nos licences". Les pêcheurs se mobilisent, vendredi 26 novembre, pour interpeller l’Europe et le gouvernement de Boris Johnson. Venus de Normandie, de Bretagne ou des Hauts-de-France, ils ont perturbé le trafic des ferries vers l’Angleterre. À Calais, les pêcheurs ont bloqué le port pendant une heure à la mi-journée et l'après-midi, pendant deux heures, aucun camion de marchandises n’a plus entrer dans le tunnel sous la Manche. Ils demandent toujours la régularisation des licences de pêches dans les eaux britanniques. Il en manque 150, selon le gouvernement français.
Bruno Dachicourt du syndicat CFTC est fier de voir une centaine de pêcheurs venus de Dunkerque, Calais et Boulogne pour envoyer un message aux Anglais. "Ils ont repris leurs eaux. On sait bien que l'on est chez eux, on l'a compris. On était censé être des partenaires, qu'ils nous prouvent qu'on peut être des partenaires. Malheureusement, avec les Anglais c'est toujours comme ça : on a beaucoup d'espoirs et puis de grosses désillusions", dit-il.
"La mobilisation est à la hauteur de nos déceptions."
Bruno Dachicourt, syndicat CFTC des pêcheursà franceinfo
Une fois les barrières posées en travers de la route, plus aucun camion ne passe. Des dizaines des poids lourds anglais, espagnols, allemands ou français restent à l’arrêt. Ce blocage est économique mais loin d’être à la hauteur des dommages causés par la perte des licences.
Mathieu Pinto a 29 ans, il fait partie de ceux qui ne peuvent plus aller jeter leurs filets dans les eaux britanniques, il doit pêcher beaucoup plus loin au large. "Avant on n'avait qu'une heure et demie de route pour aller dans les eaux anglaises pour pêcher, maintenant il nous faut quatre heures. Quatre heures aller, quatre heures retour. On doit rester sur zone, en plus, parce qu'il y a des Hollandais, des Français, de tout... Tandis qu'avant, on pouvait les laisser, on donnait nos points aux Anglais et tout se passait très bien", explique le pêcheur. "La semaine prochaine nous allons avoir du mauvais temps. Si on avait eu la licence, on aurait pu aller en mer parce qu'on est proche de nos lieux de pêche". Il estime la perte à 10 000 euros en une semaine.
Les pêcheurs des Hauts de France attendent la régularisation de 35 licences. Ils reprochent à l’Europe de ne pas s’être suffisamment battue et à Londres de les avoir menés en bateau.
Après deux heures de blocage, le barrage est levé. Mais perché à l’arrière d’un camion, Olivier Leprêtre le président du comité régional des pêches des Hauts-de-France, invite les manifestants à rester sur le qui-vive. "Si jamais rien ne bouge, je pense qu'on sera obligés de refaire une action du même style. Peut-être viser les produits d'importation britanniques. On sera peut-être obligés de passer à ça", prévient le pêcheur.
La prochaine échéance a lieu le 10 décembre. La commission européenne a laissé jusqu’à cette date à Londres pour régulariser la situation des pêcheurs sans licence.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.