"On voit bien que l'unité des Européens ne va pas de soi" (Fondation Robert Schuman)
Le sommet européenn des 27 a commencé ce vendredi en Slovaquie, sur le thème de la sécurité. C'est la première fois que le Royaume-Uni est absent, ce qui souligne, selon Thierry Chopin, directeur des études de la Fondation Robert Schuman, le problème de l'unité au sein de l'Union européenne.
Politique migratoire, lutte contre le terrorisme ou encore dépense publique, les dirigeants européens, désormais à 27, sont réunis pour un sommet informel à Bratislava, en Slovaquie. Thierry Chopin, le directeur des études de la Fondation Robert Schuman, une institution qui œuvre en faveur de la construction européenne, était l'invité de franceinfo ce vendredi.
franceinfo : Craignez-vous que l'on soit dans la déconstruction de l'Union européenne ?
Thierry Chopin : Je ne le dirai pas ça comme cela mais il y a des défis majeurs, le terrorisme, la crise migratoire ou sur un autre registre, le résultat du référendum britannique devant conduire à une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. On peut ajouter à cela la montée des populismes et des extrémismes anti-européens. Donc, on voit bien que tous ces sujets montrent que l'unité des Européens ne va pas de soi. Alors même que pour faire face à de tels défis, on aurait tout intérêt à se serrer les coudes et à organiser un front uni pour lutter efficacement contre ces différentes crises.
Pour vous, le Brexit doit être une chance de repenser l'Europe, d'imaginer une autre gouvernance par exemple ?
Je ne pense pas que ce soit une chance parce que l'on doit regretter cette décision. Maintenant, ça peut être une possibilité et on voit bien qu'il y a une prise de conscience. Après le référendum britannique, la décision a été prise par les chefs d'État et de gouvernement de se réunir, même à 27 pour envisager une Europe sans le Royaume-Uni mais également pour essayer de définir et de fixer une nouvelle feuille de route, stratégique avec des objectifs qui vont dans le sens, visiblement, de répondre aux attentes formulées par les Européens en matière de lutte contre le terrorisme, de gestion de la question migratoire, de protection des frontières extérieures.
Pensez-vous que les 27 peuvent se mettre d'accord sur la question de l'accueil des migrants, malgré leurs divergences ?
Oui, il y a des divergences importantes. On peut même parler de fracture entre certains groupes de pays, notamment entre les Européens du centre de l'Europe et les autres. D'ailleurs, peut-être que cette fracture est surestimée parce que la réticence à accueillir des réfugiés, on l'a retrouve dans d'autres pays qui sont membres de l'Union européenne, plutôt à l'Ouest, ou encore dans d'autres parties de l'Union européenne. Donc, je pense effectivement qu'il faut reconnaître que ces divergences existent et précisément, tout l'intérêt et l'enjeu de ce type de réunion est d'essayer de rapprocher les lignes et de surmonter ces divergences. On n'y arrivera sans doute pas sur certains sujets comme c'est le cas pour la crise des réfugiés mais je souhaite quand même souligner que sur d'autres sujets qui ne sont pas moins importants comme les questions de sécurité intérieure et extérieure, on voit les lignes commencer à se rapprocher et des convergences se dessiner.
Certains font un parallèle entre l'Union européenne et l'Union soviétique de la fin des années 80. Est-ce que cela vous paraît justifié ?
Non, c'est même absolument inqualifiable. D'abord, il y a une différence majeure, c'est que l'Union européenne n'est pas un empire. C'est une fédération composée d'États qui ont décidé librement et souverainement de s'associer dans une Union plus large, pour gérer ensemble un certain nombre de biens communs.
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