"On ne sait rien, et c’est ce qui m’agace" : pour cette petite entreprise française à Londres, l'après-Brexit, c'est le grand flou
Le Royaume-Uni quittera l'UE à 23 heures locales, vendredi 31 janvier. Les règles en vigueur continueront à s'appliquer jusqu'à la conclusion d'un accord sur les relations à long terme avec les 27, mais ensuite, c'est une plongée dans l'inconnu pour les entreprises françaises.
Chez French Click, on importe à Londres des produits français : saucisse de Toulouse, foie gras, fromages... Le catalogue du supermarché en ligne compte 4 000 produits, et très peu de stock. Adrien Belot, le directeur réceptionne tous les jours un camion venu de France pour approvisionner le magasin. Pour lui, l'après-Brexit, c'est une plongée dans l'inconnu. Sa plus grande crainte, ce sont les futures taxes sur les fromages dont parle le Premier ministre Boris Johnson, "une taxe de 30 %", dit-il. "On sera obligatoirement obligé de s’adapter, et d’augmenter les prix de 30% pour pouvoir continuer à vivre. C’est un risque de perte de clientèle et de perte de chiffre d’affaires bien entendu", explique le directeur.
"Je pense sérieusement à quitter le Royaume-Uni"
L’autre risque, pour lui, c’est de perdre des employés. La société fondée en 2008 fait travailler 14 personnes, comme Mickaël. Il est arrivé à Londres il y a trois ans et demi, ce n'est pas suffisant pour demander le statut de résident permanent. "Il me reste un an et demi pour demander le statut définitif, le 'settle status'. Je pense sérieusement à quitter le Royaume-Uni", affirme le Français. À l'époque, c'est le marché de l'emploi qui l'avait poussé à venir s'installer en Angleterre. Aujourd'hui, il déchante un peu : "Les salaires sont très bas, les logements sont horriblement chers, et tout ce qui est couverture santé, je n'en parle même pas !"
Le Brexit, c’est la goutte d’eau de plus.
Mickaëlà franceinfo
Mickaël ne sait pas ce qu'il va devenir avec le Brexit. "L’explication donnée par la France et le Royaume-Uni sur ce qu’on va devenir, c’est : 'on verra', 'principe de réciprocité', 'sous réserve que'... On ne sait rien, et c’est ce qui m’agace avec le Brexit !", ajoute-t-il.
Des contrôles douaniers plus stricts
Avec la sortie de l'Union européenne, une autre question se pose : celle de la logistique. L'entreprise French Click fonctionne à flux tendu. En cas de divergence des normes et des règlementations, les contrôles douaniers pourraient ralentir, voire bloquer le fonctionnement de l’entreprise. Franck habite à Calais. Il effectue les achats en France avant de faire la traversée pour ramener la marchandise en Angleterre. Il craint un blocage, "qu’ils contrôlent tout le camion tous les jours et que ça nous prenne deux ou trois heures à chaque fois, là ce serait beaucoup moins marrant. Même au niveau de l’autoroute Boulogne-Calais, cela va créer des bouchons phénoménaux."
Réponse à toutes les questions en théorie avant le 31 décembre prochain, date à laquelle se termine la période de transition. À moins que le gouvernement britannique et Bruxelles, face à l’ampleur de la tâche, ne décident de prolonger les discussions.
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