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Licences sur la pêche : il n'y a rien à négocier, il faut "appliquer le contrat", affirme le gouvernement local de Jersey

Le bras de fer continue entre la France et Royaume-Uni. Depuis le Brexit, Londres et Paris s'affrontent sur le nombre de licences accordées aux pêcheurs français.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un bateau de pêche français devant le port de Saint Helier, au large de l'île britannique de Jersey, le 6 mai 2021. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Grégory Guida, ministre des Affaires intérieures de Jersey, s'étonne mardi 2 novembre sur franceinfo de la volonté des Français de "négocier" dans le conflit sur les licences de pêches qui oppose la France aux Britanniques. "Le mot que j'entends le plus en France, c'est le mot 'négocier'. Or, quand vous avez signé un contrat, c'est la fin des négociations. Vous appliquez le contrat", explique-t-il. Selon Grégory Guida, Jersey "se coupe en deux pour essayer de donner le plus de licences possible aux bateaux" à condition que les pêcheurs français apportent des preuves mais "elles ne sont jamais arrivées".

franceinfo : Que répondez-vous aux pêcheurs français ?

Grégory Guida : Le principe de l'accord est de conserver l'effort de pêche. S'il se pêchait, je dis un chiffre au hasard, 10 000 tonnes de produits de la mer en 2017 ou en 2018 dans les eaux de Jersey, il faut qu'en 2021 et en 2022, il se pêche 10 000 tonnes. C'est extrêmement important parce qu’on parle de pêche durable et que c’est la base du contrat. Si vous lisez le contrat, les deux premières pages concernant Jersey, et concernant la pêche au Royaume-Uni, sont sur la gestion des stocks et la pêche durable. Donc, il ne faut absolument pas que cet effort augmente. Si on rajoute des bateaux sans limitation, l'effort va augmenter, c'est absolument inévitable.

Mais si on change de bateau, pas de licence ?

Le principe, c'est que vous ne devez pas avoir un bateau plus grand. Si vous avez un bateau mesurant 7 m et que vous en achetez une mesurant 25 m, l'effort de pêche va changer. C'est quelque chose qui est effectivement encore en négociation. Si vous êtes dans votre bateau, il peut couler. Il va en falloir un autre. Nous n'avons pas de problème avec le principe d'un nouveau bateau. En revanche, c'est un principe international, ce n’est pas quelque chose que nous avons inventé à Jersey. Donc, si tous les bateaux de France pêchant à Jersey, passaient de 7 à 25 m du jour au lendemain, vous imaginez ce que cela ferait aux stocks.

Quel est l’accord en termes d’antériorité pour les pêcheurs français ?

Les termes d'antériorité sont extrêmement simples et extrêmement généreux. C’est quelque chose qui m'énerve un petit peu dans cette attitude. Si vous avez pêché onze jours dans les eaux de Jersey, en 2017 ou en 2018 ou en 2019. Pas les trois années, mais n’importe laquelle des trois années, vous avez une licence. C'est extrêmement généreux. Quand on parle d'antériorité, on parle d'avoir la majorité de votre travail dans les eaux de l'île. Ce n’est vraiment pas compliqué. C’est vraiment généreux.

Lundi vous avez donné de nouvelles licences. Cela a permis de poursuivre les négociations et éviter les sanctions ?

Je ne pense pas. Le mot que j'entends le plus en France, c'est le mot "négocier". Or, quand vous avez signé un contrat, c'est la fin des négociations. Vous appliquez le contrat, vous appliquez les termes du contrat et nous avons fait cela scrupuleusement depuis le 1er janvier. Si vous pouvez prouver onze jours de pêche, n'importe laquelle des trois années à Jersey, vous avez une licence. Or, ces preuves nous sont arrivées au compte gouttes, en retard, de mauvaise qualité et souvent d'ailleurs, avec des erreurs que nous reconnaissions.

"Soyons clairs ! Les pêcheurs français doivent remplir des fiches de pêche. Il s'agit d'une obligation légale, il n'y a pas moyen d'en sortir. Si vous ne remplissez pas vos fiches de pêche, c'est illégal. Vous pêchez illégalement."

Grégory Guida, ministre des Affaires intérieures de Jersey

à franceinfo

Si vous nous donnez, 11 fiches de pêche avec marqué dessus baie de Granville, vous avez une licence. Dans certains cas, c'est nous qui avons amené les données parce qu'on ne les recevait pas de Bruxelles. On a acheté les données à AIS [Système d'Identification Automatique], les données des transpondeurs marins pour confirmer que des bateaux que nous connaissions étaient bien dans les eaux parce qu’on savait que tel bateau était là toute la semaine. On ne voyait pas les données venir de France et donc c'est nous qui avons fait les recherches. Nous nous sommes coupés en deux pour essayer de donner le plus de licences possible aux bateaux, à condition qu'il y ait des preuves. Et ces preuves ne sont jamais arrivées.

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