La Bosnie recense ses habitants et mesure le poids de chaque ethnie
C’est un évènement sensible pour les trois principales communautés du pays : Bosniaque, Serbe et Croate. Chaque camp va pouvoir mesurer son importance, et donc les conséquences de la guerre de 1992.
Car il ne s’agit pas d’un simple décompte de la population. Les questions, validées par l’Union européenne qui assure le suivi, portent aussi sur la langue parlée, la religion pratiquée, et in fine sur l’appartenance à telle ou telle communauté.
Des questions qui ont été rajoutées à la demande des autorités de Bosnie-Herzégovine, sans que cela incommode les observateurs de Bruxelles. «A vous de décider si vous allez répondre à ces questions», se contente de préciser Peter Sorensen, le représentant spécial de l’UE.
Bosniaques, Serbes et Croates font donc monter la pression par une campagne publicitaire agressive. Déjà, les observateurs estiment que la population croate sera la plus en recul, sous la barre des 10%, au lieu des 17% en 1991.
Côté Bosniaque, on évoque les pires moment de l’histoire du pays, pour alerter sur le danger de devenir minoritaire.
Un recensement test
Les nationalistes bosniaques qui représentent 40% de la population, ne sont pas rassurés pour autant. Car une nouvelle catégorie est apparue. On peut tout bêtement se déclarer Bosnien, soit tout naturellement citoyen de Bosnie-Herzégovine, sans référence à une ethnie.
Le camp bosniaque craint que les habitants des villes donnent une réponse «citoyenne» et choisissent de se déclarer Bosniens.
Une inquiétude qui provient d’un recensement test réalisé à l’automne 2012 dans 60 localités. Pas moins de 35% des personnes ont déclaré se sentir Bosniens. Le sentiment national l’emporterait donc sur le choix ethnique, bien qu’il soit pour l’instant, rejeté dans la catégorie «autres» avec l’ensemble des minorités.
Si ce score est confirmé, il faudrait bien tenir compte de cette évolution. Et les plus bosniens rêvent déjà d’une modification de la Constitution pour reconnaître ce quatrième groupe.
Une république des citoyens et non des ethnies qui laisserait entrevoir un pays apaisé, prêt à une nouvelle expérience, en abandonnant ce régime à trois têtes issu des accords de Dayton. Actuellement, les entités, Republika Srpska (Serbes) et Fédération (Bosniaques et Croates), disposent de pouvoirs propres, ce qui limite le renforcement de l’exécutif central, doté d’une présidence tournante.
Ce système doit garantir les mêmes droits à chaque communauté. En fait, ce régime n’a fait qu’entretenir népotisme, corruption et incompétence, en réservant par exemple les emplois par «nationalité».
Mais il est peu probable que ce recensement accouche d'une réorganisation en profondeur du pays.
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